Aeroplans - Logo FinmeccanicaFinmeccanica, syncope à l'italienne

12 juillet 2010 : Finmeccanica a publié sur le web une déclaration dont il entend qu'elle soit reçue en tant que "clarification" :

" ROME --- En ce qui concerne les articles des médias sur les caisses noires présumées détenues à l'étranger par Finmeccanica et des prétendues réunions entre Pier Francesco Guarguaglini et Gennaro Mokbel ou ses associés, Finmeccanica tient à réaffirmer que:

- Finmeccanica n'a jamais créé des caisses noires à l'étranger et il n'a pas prévu ou créé des sociétés pour le faire.
- Pier Francesco Guarguaglini, président et chef de la direction de Finmeccanica, n'a jamais rencontré Gennaro Mokbel.
- Finmeccanica dément catégoriquement que Gennaro Mokbel détient ou a détenu directement une participation de 51% en Digint.
- Nicola Mugnato est le directeur général de Digint, désigné par Financial Lincoln SA, et supervise la gestion et la maintenance des logiciels de la société de sécurité informatique, qui est le cœur de métier de Digint. "

(Source: Finmeccanica; dated July 10, web-posted July 12, 2010)

Pourquoi tant de réussites économiques gâchées par si peu de morale

Marchés publics truqués et caisses noires sont les domaines qu'explorent les enquêteurs dans les " soubassements " financiers de l'énorme groupe italien Finmeccanica, un des leaders mondial de l'armement et de l'aérospatial, dont un des actionnaires principal, l'état italien, doit être dans ses petits " escarpins " ces jours-ci.

Clôture de l'instruction attendue pour l'été 2010

Le parquet de Rome, qui enquête sur une affaire de blanchiment d'argent et de fraude fiscale présumés d'un montant de 2 milliards d'euros par FastWeb SpA (FWB.MI) et Sparkle, une filiale de Telecom Italia SpA (TIT.MI), elle-même filiale de Finmeccanica, veut clore son instruction d'ici l'été 2010.

Le PDG de Finmeccanica, Pier Francesco Guarguaglini, proclame que tout ceci n'est que création de journalistes sans aucune base avérée, gênant quand les propres déclarations intempestives du PDG côtoient dans les médias les relations publiées des témoignages à charge à son encontre, les quotidiens italiens évoquent le remplacement de Pier Francesco Guarguaglini à la tête de Finmeccanica par le dirigeant actuel de la compagnie Tema (éléctricité), Flavio Cattaneo.

Historique des malversations présumées objet d'enquêtes de la police judiciaire italienne

La pelote des exactions ou constatées ou soupçonnées grossit de jour en jour pour Finmeccanica. Affaires se succédant d'années en années et maintenant de mois en mois. En début d'année un scandale de fraude fiscale à la TVA dont le montage mettrait en cause la société Sparkle, filiale de Telecom Italia, ainsi que la firme d'accès à l'internet Fast-web. Une fraude organisée autour d'un système de fausses factures pour le blanchiment d'environ 2Md€ provenant de caisses mafieuses. Cette opération illicite ayant produit un détournement pour un montant évalué à 365 millions d'euros de TVA au profit de ses organisateurs. 300M€ avaient été mis sous séquestre fin février 2006. Déjà mis sous les verrous Gennaro Mokbel, un dirigeant d'entreprise romaine soupçonné d'être un des cerveaux du montage de l'opération reporte la presse italienne.

Silvio Scaglia, participant, instigateur ou innocent

Silvio Scaglia, déjà été arrêté le 25 février 2006 par la police financière et désigné en son temps comme principal suspect par la justice italienne. Il est le fondateur et ancien patron du fournisseur d'accès internet italien Fastweb (aujourd'hui filiale de l'opérateur Swisscom). En quittant Fastweb, l'entrepreneur avait investi 10 millions d'euros dans le projet Babelgum en développement depuis 2005. La fortune de Silvio Scaglia était évaluée par Forbes à l'époque à 1,2 milliard d'euros faisant de lui le treizième homme le plus riche d'Italie. La justice italienne avait également émis des mandats d'arrêt contre 55 personnes en tout, parmi lesquels d'autres responsables de ces deux sociétés Fastweb et de Telecom Italia Sparkle.

Gennaro Mokbel, ou trop de "traces" pas assez de "cleaner"

Selon le parquet italien, un grand nombre des dirigeants de sociétés impliquées entretiendraient des liens avec ce même entrepreneur romain Gennaro Mokbel, le cerveau présumé de la fraude. Lui qui est lui même en liens étroits avec la mafia calabraise, la 'Ndrangheta. Le parquet de Rome soupçonne le sénateur de droite Nicola Di Girolamo, membre du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, d'avoir été élu avec des voix achetées en Allemagne avec l'argent de la mafia calabraise, grâce à l'intervention de Gennaro Mokbel.

Le même Gennaro Mokbel avait essayé de devenir propriétaire de 51% de la firm Digint, filiale de Finmeccanica, dont la spécialisation reposait sur l'élaboration de logiciels de formation et de conception de réseaux câblés. L'intention aurait été de profiter des contrats conséquents contractés au profit de Finmeccanica (la maison mère) pour procéder, sous couverture, au blanchiment d'argent d'origine douteuse. Comment expliquer que pour la même proportion de capital acheté dans une même société, l'un, Finmeccanica, débourse 2M€ pour ces 49% et l'autre, Gennaro Mokbel, 8 Millions€ pour ces 51% ? Cette différence n'est pas restée longtemps dans les comptes, non plus dans les caisses d'ailleurs, un paradis fiscal d'extrème Orient et un autre sur place ont eu beau jeu de faire disparaître toute trace d'euros. Un sénateur, Nicola Di Girolamo, actuellement sous les verrous pour financement illicite de campagne électorale, laisse entendre que Pier Francesco Guarguaglini connaissait tout de cette opération. Mais ce dernier déclare n'avoir jamais rencontré Gennaro Mokbel.

Telecom Italia et Fastweb assurent qu'ils ne sont pas à l'origine d'une telle fraude et qu'ils ont été lésés dans cette affaire. Le directeur général de Telecom Italia, Franco Bernabè, a indiqué que son groupe était "confiant" et qu'il apporterait sa "plus large collaboration" à la justice. Silvio Scaglia Nicola Di Girolamo ont également clamé leur innocence.

Dés pipés dans les appels d'offres des marchés de travaux

Pier Francesco Guarguaglini est également rattrapé par une autre affaire liée aux soupçons de corruption (pots-de-vin) entachant la Protection Civile, organisation qui gère les grands évènements, et qui est rattachée à Silvio Berlusconi, dans le cadre de sa position de Chef du Gouvernement italien. Claudio Scajola a dû quitté son poste de ministre de l'industrie pour l'achat d'un appartement dans un quartier de prestige à Rome grâce à une transaction qui lui aurait permis de recevoir une peu discrète enveloppe substantiellement gratifiante.

L'affaire des parties " cokées / privées " - Gianpaolo Tarantini a des choses à dire …

Les parties privées ( qui à l'époque ont fait le bonheur des tabloïdes de la planète) qui se sont déroulées dans les villas du président du conseil ont été agréablement animées par des jeunes femmes amenées de son propre aveu par Gianpaolo Tarantini, entrepreneur dans la région des Pouilles. Les témoignages ont été déterminants pour les brigades enquêtant sur la longue liste des marchés de travaux truqués concernant le sommet du G8 en juillet 2009 et la reconstruction (aide de Bruxelles de 494M€) de la ville d'Aquila (Chef-lieu de la province d'Aquila et capitale de la région des Abruzzes, au cœur de l'Italie). Sa destruction avait été causée par un violent séisme de grande amplitude survenu trois mois auparavant, dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 avril de l'année 2009 et faisant 299 morts et 70 000 sans-abri ; les dommages causés par le séisme étant estimés à 10,2Md€.

Dans le cadre de ses différents témoignages recueillis par les brigades d'enquêtes, Gianpaolo Tarantini, déjà mis en examen pour "induction à la prostitution", se trouvait dans la perspective d'une mise en examen supplémentaire pour détention et cession de stupéfiants suite à des éléments dont disposent les enquêteurs. L'étau se resserrant chaque jour d'avantage. Gianpaolo Tarantini tablait sur son témoignage fleuve (15 jours d'audition) pour tenter de diminuer les charges à son encontre. Ceci d'autant plus que Massimiliano Verdoscia et Stefano Lacovelli, gravitant dans son entourage sont accusés " d'avoir détenu et offert gratuitement de la cocaïne et d'autres substances, en occasion de différentes fêtes, et réunions mondaines qui se sont tenues aussi bien dans des villas privées tout comme dans des établissements connus".

Lors des audiences de son instruction, Gianpaolo Tarantini a laissé entendre que des entreprises non retenues par la Protection Civile pour les contrats de reconstruction ont cependant bénéficiées d'attribution de parts de marchés, sans appel d'offres, par le Ministère de l'Intérieur. Parmi ces entreprises, les sociétés Elsag Datamat et Selex Sistemi Integrati, toutes deux étant filiales de Finmeccanica, et pour que la boucle soit bouclée, Selex Sistemi Integrati ayant pour directrice Marina Grossi, l'épouse même de Pier Francesco Guarguaglini, PDG de Finmeccanica.

L'innocence n'a pas de prix - ou l' "aventura" de Telecom Italia en Argentine

Relevant cet adage, dans tous les sens du terme, et surtout dans le domaine "des influences" et "des fonds européens" mis à disposition de toute entreprise "méritante", Telecom Italia (filiale de Finmeccanica) compte l'appliquer pour contrer la décision de monopole prévue par l'organe de régulation argentin.

Telecom Italia ayant pris le contrôle de Telecom Argentina, l'autorité de la concurrence argentine envisage d'y mettre fin. Quoique, entrée de manière minoritaire au capital de Telecom Italia, Telefonica est placée, selon l'organe de régulation argentin, en situation de monopole.

Pour le gouvernement Kirchner argentin, il n'y a aucun doute : l'entrée de Telefonica, qui contrôle le deuxième opérateur argentin Telefonica Argentina, dans le capital de Telecom Italia, a crée une situation de monopole !

Pour essayer de débloquer la situation en Argentine, l'opérateur Telecom Italia a demandé à l'Union européenne de défendre ses investissements et ses intérêts en Amérique Latine. Et pour augmenter la pression sur Bruxelles, l'opérateur a obtenu le soutien de plusieurs députés européens et de l'Etno, l'association européenne des opérateurs. (Source EuroTMT)

"L'exécutif doit faire pression sur les autorités argentines pour que les principes des Etats de droit soient respectés " ont écrit les parlementaires européens dans une lettre adressée au président de la Commission européenne José Manuel Barroso et au commissaire européen au Commerce extérieur Karl De Gucht. Du coté de l'Etno qui parle de confiscation effective et intolérable de la participation de Telecom Italia dans Telecom Argentina, le son de cloche est identique.

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