Aeroplans - Winglet Emirates © Emirates AirlineD’ici au quatrième trimestre de cette année, une nouvelle usine de Mubadala Aerospace va commencer à produire ses premières pièces à destination des lignes d’assemblage d’Airbus. Si l’externalisation d’une partie de la production de la filiale d’EADS n’est pas une première, elle revêt toujours un défit pour la bonne marche de l'entreprise. De plus, et c’est le cas ici, Airbus peut se servir de ces contreparties pour assoir ses positions sur des marchés très dynamiques comme les Emirats arabes unis.

La première tranche de l’usine Strata sera livrée au mois d’août à Mudabala. Spécialisée dans les composites aéronautiques, c’est elle qui livrera bientôt Airbus en éléments mobiles du carénage pour ses A330 et A340. Une avancée importante pour les Emirats qui souhaitent développer leur propre industrie aéronautique. Un désir tout à fait naturel à la vue des importantes commandes que passe chaque année le transporteur national, Emirates.

 

 

Un investissement lourd pour les Emirats.Aeroplans - A380 d'Emirates au dessus de Dubai © Emirates Airline

En ces temps de crise qui auront largement impactés les fonds d’investissements émiriens, l’investissement de 500 millions de dollars (398 millions d’euros) n’est pas anecdotique. Mais reste que pour les Emirats et son fond Mudabala, c’est une dépense d’avenir qui prend forme. L’usine de Strata sera livrée en trois tranches jusqu’en 2015 et produira à terme des composants plus importants d’avions.

Pour les Emirats, il s’agit à la fois de s’assurer une croissance pour l’ère après pétrole mais aussi d’un juste retour des choses. Le pays a beaucoup investi pour son industrie touristique mais commence à comprendre les limites d’un tel raisonnement. Aujourd’hui, c’est son appétit pour le monde de l’aérien qui nous intéresse. De ce fait, les Emirats arabes unis jettent les premières pierres de ce qui sera certainement à terme son industrie nationale pour l’aéronautique. Une industrie qui peut se vanter d’une croissance raisonnée et qui s’appuie sur des partenariats solides. Nous sommes loin de la stratégie chinoise.

"Nous serons en mesure de livrer la première pièce à Airbus d'ici le début du 4ème trimestre", a déclaré Homaid Al Chemmari, le directeur général de la filiale aéronautique du fond d'investissement Mubadala d'Abou Dhabi. Abou Dhabi souhaite devenir un pôle d'excellence en matière aéronautique dans la région, alors que Dubai entend jouer un rôle de premier plan en matière de logistique et de transport aérien, en construisant le plus vaste aéroport du monde. Une répartition efficace qui permet aux Emiriens de distribuer leurs efforts tout en faisant jouer leur propre concurrence interne. Un fait très stimulant s’il n’est pas destructeur comme cela peut parfois être le cas en Europe.

Aeroplans - Emirates Airbus A340-500 taxis out to runway 34L at Sydney Airport

Une opportunité importante pour Airbus.

Pour Airbus, cette coopération avec les Emirats arabes unis est le symbole de ce qui peut être fait en termes d’externalisation sans pour autant prendre beaucoup de risques comme ça peut être le cas en Chine. Alors que le consortium européen a pris la décision de produire directement en Chine des A320, il choisit d’appliquer un autre schéma pour les Emirats. Et pourtant, le pays n’a rien d’anecdotique pour Airbus. C’est notamment son premier client et de loin pour son très gros porteur A380.

Aeroplans - Emirates B777-300ERL’investissement consenti côté émirien est comme toujours important. D’ailleurs, Mabadala, qui a remporté environ deux milliards de dollars (1,6 milliard d'euros) de contrats, souhaite porter ce chiffre à cinq milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) d'ici 2020, a précisé Homaid Al Chemmari. Une belle façon pour ce fond souverain de stimuler une croissance diversifiée pour les Emirats arabes unis.

Airbus n’est cependant pas la seule entreprise occidentale à récolter les fruits du désir de croissance émirien. Une nouvelle fois les Américains sont de sortie. En novembre, Mubadala a conclu un accord avec Boeing qui lui permettra de coopérer avec le constructeur aéronautique américain dans la fabrication de composites, l'ingénierie, la recherche et le développement, la formation et la maintenance. Lors de sa deuxième phase de développement, l'usine de Strata produira ainsi des pièces pour Boeing. Enfin, Honeywell vient aussi d'officialiser un partenariat avec des filiales de Mubadala Aerospace pour la maintenance de pièces pour les Boeing 787 et Airbus A350.

Aeroplans - Emirates A330-200 arrival at Prague  Airport  Ruzyně by Richard WeberUn gros appétit aujourd’hui freiné par des problèmes d’infrastructures.

Si Airbus domine le marché émirien, Boeing n’est pas si loin. Lors du salon de Farnborough, Emirates a officialisé une nouvelle commande pour trente B777 supplémentaires. Une commande évaluée à 9,1 milliards de dollars qui porte à 71 le nombre de B777-300ER en commande pour la compagnie. Ajoutés aux 90 A380, Emirates remplacera à terme sa flotte actuelle d’A330, A340 et B777 classiques. Ces appareils viendront en renfort des B777 encore aptes au service et aux 70 A350-900/1000 en commande.

Reste que selon Tim Clark, patron d’Emirates Airline l’expansion et les nouvelles commandes de la compagnie sont aujourd’hui limitées par des contraintes physiques. La compagnie fait effectivement face à des limitations dans les infrastructures qui sont à sa disposition. La croissance future dépendra donc des aéroports aptes à accueillir par exemple l’A380 dans le monde ou à l’avancement des travaux sur le nouvel aéroport de Dubaï. Toujours selon Tim Clark : « si nous n’avions pas ces inhibiteurs, nos commandes seraient plus importantes pour soutenir notre croissance dans les dix ans à venir. »



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