Aeroplans - Francois Fillon au VietnamAlors que le monde a les yeux rivés - à tort ou à raison - sur l’éveil du géant chinois, le voisin vietnamien veut lui aussi développer son industrie aéronautique.

Le Vietnam connaît depuis dix ans une croissance supérieure à 7,5 % stimulée par l’ascension chinoise, et il ne cache pas ses ambitions. Vietnam Airlines rêve ainsi de se hisser aux mêmes standards que Singapore Airlines. Et pour aider les Vietnamiens dans leur quête d’excellence, les entreprises européennes semblent disposées à déployer leurs efforts dans ce pays. Mais attention, Russes et Chinois veillent au grain !

 

 

Aeroplans    - Vinisat-1

L’approche européenne remise au goût du jour.

Comme nous le disions au début de cet article, la France et l’Europe ont placé le Vietnam dans l’ordre de ses priorités pour ces prochaines années. Un désir aussitôt concrétisé par l’offre française et la signature d’un protocole financier avoisinant les 100M$ en vue de l'acquisition par les autorités vietnamiennes d'un microsatellite d'observation baptisé VNREADSat-1, fourni par EADS Astrium, destiné à la gestion des ressources naturelles, et à la prévention des catastrophes naturelles. L'Institut des Sciences et des Technologies du Vietnam est chargé d'étudier en profondeur le projet. Il devrait voir le jour en 2012 et devrait peser 150kg pour une durée de vie de cinq ans. Une belle initiative malheureusement peu encouragée dans les médias européens, trop souvent ancrés dans la culture de la défaite.

En outre, la France propose aussi une enveloppe de 14M€ qui doit permettre la mise en place d'un système de surveillance de l'espace maritime du pays. CLS est en concurrence avec les Anglais et les Australiens pour ce contrat, qui pourrait lui rapporter une dizaine de millions d’euros.

Aeroplans - Vietnam Airlines

Les Vietnamiens ne sont pas des novices dans le secteur aéronautique et spatial. En avril 2008, une Ariane 5 ECA mettait en orbite le premier satellite national, Vinasat-1. L’engin d’une durée de vie de 15 ans valait lui 200M$ et avait été construit par Lockheed Martin Commercial Space Systems pour le compte de Vietnam Post and Telecommunications Corporation.

Promouvoir le savoir-faire français dans le développement durable.

Compte tenu de la résistance russe et de la montée en puissance chinoise, aujourd’hui deuxième fournisseur du pays, la France a récemment adopté une nouvelle approche du marché vietnamien. Alors que le pays a vu son ratio d’exportations exploser, la France ne représente plus que 1,2 % du marché, contre 5 % en 1997.

Pour renverser la vapeur, les Français s’emploient depuis la fin de l’année dernière à vendre l'expertise nationale en matière d'économie verte. Selon les experts, le Vietnam est, avec le Bangladesh et l'Égypte, l'un des pays les plus vulnérables au réchauffement climatique. L'énergie nucléaire, les transports, l'assainissement des eaux, les centrales hydroélectriques ou encore les services financiers y sont donc à l’honneur.

Aeroplans - Vietnam Airlines A380Ainsi, les opportunités se multiplient pour les Français au Vietnam. Vinci est en course pour les projets de métro et de tramway à Ho Chi Minh Ville estimé à 200M€. Aussi, EDF et l'entreprise d'État Petrovietnam vont lancer les études de développement pour une grosse centrale thermique à Quang Trach en coopération avec un partenaire japonais. Un projet de 1,2Md€.

Mais attention, l’avionneur européen EADS n’est pas en reste face à la mainmise russe ou chinoise. La compagnie nationale Vietnam Airlines a ainsi passé commande de quatre A380, ce qui devrait être officialisé au premier trimestre 2010. Un marché potentiellement important pour le fabricant, puisque la population vietnamienne va passer de 80 à 120 millions d'habitants d'ici à 2020. Aeroplans - Vietnam AirlinesLa flotte actuelle de Vietnam Airlines comporte déjà des A300, des A321, A310, A320 et A330.

Les débouchés s'annoncent donc prometteurs. « Le Vietnam connaîtra le même développement que la Corée. EADS est donc prêt à instaurer un partenariat technologique de long terme qui devrait trouver son apogée avant 2015 », a déclaré Louis Gallois. Mais pour certains spécialistes du pays, cette approche est trop lente. Pour ne pas perdre son éventuel avantage compétitif face à une future concurrence, EADS et ses partenaires devraient avancer plus rapidement. Mais pour Louis Gallois et son État Major il faut rester prudent : « EADS est prêt à investir sur place contre la promesse de contrats d'avions, d'hélicoptères, ou encore de satellites. »

Michael Colaone.

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