Aeroplans - Dassault RafaleLe 7 septembre 2009 sera-t-il le jour où le Rafale trouvera officiellement preneur à l’étranger ? Voici la question qui pourrait bien trouver réponse lundi à l’occasion de la visite M. le Président de la République Nicolas Sarkozy, invité d’honneur du président Lula, à l’occasion du défilé militaire qui aura lieu à Brasilia et auquel la Patrouille de France participera. 50%, c’est le pourcentage de chances estimé par les officiels français pour l’annonce du vainqueur d’un des plus gros appels d’offres du moment. Mais attention, le Gripen et le Super Hornet se battront certainement jusqu’au dernier moment. Rappelons-nous que c’est une première tranche de 36 avions pour la chasse brésilienne (FAB) sur un contrat total de 120 appareils qui est actuellement en jeu.

 

 

En tout cas le Rafale a plutôt la côte au Brésil et jeudi 3 septembre le président Lula laissait échapper, volontairement ou non, que sa préférence allait à l’avion français. Cette préférence résulte du long travail effectué par le camp tricolore. Même les deux chefs d’états entretiennent des relations privilégiées. On notera que ce point très positif pour Dassault n’est qu’une goutte d’eau au milieu des accords que passent actuellement les deux pays.

La pression de la Maison Blanche s’intensifie. Aeroplans - F-18

Les accords de défense se sont en effet multipliés au cours de ces dernières années et la France compte bien accompagner le Brésil vers son statut de puissance régionale indépendante. L’indépendance constitue un des nœuds de l’affaire qui place le Rafale en position de favori. Comme chacun sait, le Rafale est un produit typiquement français. Si ce point est parfois décrié, ici c’est un des atouts du chasseur. Dans son désir d’émancipation des autres nations et surtout des Etats-Unis, le Brésil apprécie tout particulièrement l’indépendance de l’hexagone. Ceci d’autant plus que les intermédiaires sont réduits alors que pour exporter le F-18 Super Hornet et les savoirs faire requis par le président Lula, Boeing aurait besoin de l’assentiment du Congrès. Or, on connait la position de ce dernier sur cette question et les brésiliens aussi. Reste que les Etats-Unis sont avant tout un pays pragmatique et si ce contrat devait leur échapper pour des raisons politiques il ne fait nul doute que ces derniers s’adapteraient. D’ailleurs, les déclarations faites récemment par Hilary Clinton vont dans ce sens et des échanges de technologies avancées auraient quand même été proposés au Brésil.

Aeroplans - Gripen NGLes échanges de technologie sont, bien-sûr, au centre des débats.

Les Brésiliens ne semblent pas dupes et ont peut-être vu les Américains arriver avec leurs gros sabots. En toute logique, le choix d’un avion américain est exclu si le Brésil souhaite effectivement sortir de la domination états-unienne en Amérique du sud. (Détail amusant : cette date anniversaire marque l’indépendance du Brésil par rapport au royaume du Portugal en 1822). Cependant, comme il est coutumier pour les marchés d’armement, les pressions sont plus nombreuses et complexes que pour d’autres contrats plus traditionnels. D’ailleurs on comprend mal comment le Gripen NG pourrait remporter la mise au Brésil puisque l’appareil suédois est largement pourvu de composants d’origine américaine. Des parties de l’avion qui doivent elles-aussi recevoir l’aval de Washington pour être vendues à une puissance étrangère.

 

L’indépendance comme l’ingérence de la France sont des atouts majeurs.

Le Rafale lui, n’a pas tous ces problèmes. Pour une exportation à l’étranger il doit seulement recevoir l’aval de l’Elysée. Or, le gouvernement en place est largement partie prenante dans le succès actuel de l’avion français et souhaite qu’il se vende. Relativement à la question que M Lula estime comme « un avantage comparatif exceptionnel » le Rafale part aussi avec une longueur d’avance puisque, chez les deux avionneurs que sont Dassault et Embraer, on parlerait d’échanges très importants voire même d’un transfert à presque 100%. "Un pays de l'importance du Brésil ne peut acheter un produit d'un autre pays sans transfert de technologie", a souligné Lula. “La France est le seul pays important prêt à discuter avec nous d’un transfert de technologie dans tous ces domaines” a répété le chef d’Etat brésilien qui veut doter son pays des moyens nécessaires à la construction de ses propres appareils de dernière génération d’ici dix ans.

Autre clé de voute possible : l’ex porte-avions Foch, qui se nomme maintenant le « Sao Paulo ». L’aéronavale brésilienne est à prendre en compte. Si, pour le moment, on parle principalement de la FAB, le Foch pourrait aussi continuer à servir la France puisque le Gripen NG n’est pas « navalisable ». La version du F-18 telle que proposée actuellement ne l’est pas non plus puisque trop lourde pour opérer sur le porte-aéronefs.

Aeroplans - Rafale

Si l’optimisme est de mise et que l’on sent la pression monter d’un cran autour de ce contrat estimé à 4 milliards d’euros (hors armement), il faudra néanmoins un certain temps encore avant de connaitre le vainqueur de la compétition. En effet, même si les éléments mentionnés ci-dessus invitent à croire que cette visite sera la bonne, les compétiteurs doivent encore répondre à une série de questions très pointues. Ainsi, un report est toujours à envisager même si l’occasion sera parfaite d’un point de vue politique. Cependant, la pression américaine continuerait de monter dans le cas d’un report de la décision et les officiels brésiliens pourraient choisir de retirer ce poids de leurs épaules au plus vite. Reste aussi que cette visite a aussi pour but de régler les derniers détails concernant la vente de sous-marins (4 sous-marins classiques de classe Scorpène et la participation à la construction d’un engin à propulsion nucléaire.) et de 50 hélicoptères de transport militaire déjà annoncés. Le contrat de sécurisation de la frontière amazonienne pourrait aussi trouver une fin heureuse ce week-end et Sagem pourrait remporter un contrat pour le développement d’une version locale de sa tenue de combat Félin.

L ‘accord de défense stratégique entre les deux pays a permis à la France de remporter des victoires commerciales et il subsiste des potentialités importantes.