Gripen_NG_Fighter_Jet_PlaneAnalyse – Et voila, un des seuls appels d'offres européens pour la vente d'avion de chasse touche quasiment à sa fin. La Suisse, qui souhaite remplacer sa flotte de F-5 à bout de souffle, évalue depuis quelques années trois grands avions fabriqués en Europe. Le Rafale de Dassault Aviation, L'Eurofighter fait en équipe par Cassidian, BAe Ssytems et Finmeccanica, le Gripen de Saab. Le but étant de vendre 22 avions à ce petit pays, les industriels ont, par les temps qui courent, toute la motivation pour convaincre. Alors que le Rafale était une nouvelle fois donné gagnant, que se passe-t-il de l'autre côté de la frontière ?

 

 

 

 

Le Rafale encore donné gagnant, et pourtant…

 L'affaire était une nouvelle fois pliée pour le GIE Rafale, après les Emirats arabes unis, la Suisse devait être l'un des prochains contrats export de l'avion fabriqué en France. Seulement voila, le Gripen est aujourd'hui annoncé gagnant. Les raisons à cela ? Et bien elles ne sont pas très claires car vu de l'extérieur, le Rafale pouvait se prévaloir d'avoir fait le bonheur des pilotes suisses lors des évaluations opérationnelles et de bénéficier d'une bienveillance générale pour les produits fabriqués en France. Ceci d'autant plus que nos voisins ont été de bons clients de notre ancien Mirage III.

"Pour faire de la police du ciel et de la sécurité, le Rafale était bien trop qualifié" estime une source citée par La Tribune. De son côté le GIE Rafale estime qu'il est regrettable que la Suisse ne se positionne pas au plus haut niveau européen et ne choisisse pas un outil capable de mener un plus grand nombre de missions avec moins d'appareils. Si les F-5 Tiger sont la priorité du moment pour les aviateurs suisses, il va de soit que la flotte de F-18 ne sera pas non plus éternelle. Compte tenu de ses capacités actuelles et à venir, le Rafale aurait très bien pu devenir l'avion des forces suisses dans un futur plus large alors qu'un Gripen ne pourra pas prétendre à une telle polyvalence.

Reste qu'une fois de plus dans l'actualité récente, le chasseur français manque une occasion de se vendre. Certains diront qu'il est évidemment trop cher. On estime de ci de là les offres de Dassault et Eurofighter GmbH autour des 4 milliards de francs suisses quand l'offre de Saab serait d'environ 3 milliards. Mais le prix ne fait pas tout, malgré qu'il soit un élément déterminant dans le cas suisse. Une nouvelle fois la politique pointe le bout de son nez, à l'image de Gérard Longuet, brillant Ministre de la Défense de son état qui en profite pour annoncer "si le Rafale ne se vend pas à l'étranger, la chaine de fabrication sera arrêtée". Il y a peut-être du génie dans cette déclaration mais nous, nous n'en avons pas encore trouvé… A vos commentaires !

 

Faire un choix impossible

 

Entre préférences opérationnelles et impératifs politiques, la Suisse aura fait son choix pour le plus petit et le moins cher des avions présents dans la compétition. Le contexte budgétaire étant ce qu'il est, certains observateurs s'accordent pour dire que l'armée aura fait le choix de prouver à la classe dirigeante et au peuple qu'elle aussi, fait un effort pour limiter les dépenses. Un choix raisonnable en apparence mais qui s'est historiquement toujours montré dangereux. Reste qu'il est vrai que la situation militaire de la Suisse n'est pas… explosive.

 

Cependant, et c'est bien ce point qui a motivé le titre de cet article, les politiques suisses n'ont pas fini de se prononcer sur l'achat du Gripen suédois. En effet, le dossier pourrait prendre encore quelques mois de retard avec l'organisation d'un référendum populaire. Malgré tout, le chef d'état-major des armées, André Blattman y serait favorable. Manœuvre politique ou non, le militaire estime qu'un tel référendum donnerait une légitimité à ce choix. Autre conséquence, cela prendrait à contre pied une probable initiative des Verts suisses pour l'organisation d'un moratoire avec l'aide d'autres partis et associations qui bloquerait le processus pendant des mois.

 

Pour plus de détails sur l'affaire suisse, vous pouvez retrouver notre feuilleton ici. Reste que question politique, la France avait mis le paquet grâce à la proposition de mise à disposition de zones de vol et de bases dans le pays. Malgré tout, on regrettera les déclarations faites lors notamment du dernier G20 sur d'éventuelles "défaillances" de la Suisse à ne plus être considérée comme un paradis fiscale. Le bonheur financier des élus français est peut-être à trouver ailleurs que chez leurs voisins.



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La divulgation de rapports classés secrets

 

Berne enquête aussi sur la divulgation de deux rapports classés secrets et remis au quotidien bâlois Basler Zeitung. Les documents signés par le Commandement des Forces aériennes suisses Markus Gygax met en lumière les faiblesses de l'avion de chasse suédois. Il recommande évidement l'achat du Rafale : "Le Rafale produit par Dassault est recommandé comme nouvel avion de combat des Forces aériennes suisses" peut-on lire noir sur blanc.

 

Nombreux sont ceux qui ont un intérêt dans cette affaire. Dassault et EADS n'ayant pas normalement accès aux rapports en question, ils ne sont peut-être pas en cause. Pour le moment, le Ministère public de la Confédération a ouvert une enquête, tout comme le Département de la Défense.

 

Fait troublant cependant, la presse suisse révèle que la sous-commission parlementaire qui a accompagné le processus d'achat de l'avion n'aurait jamais eu connaissance de ces fameux rapports. Etrange non ?

 

La conclusion sympathique

 

Nous terminerons en disant tout de même que le Gripen est un formidable avion qui fera certainement le bonheur des aviateurs suisses. S'il n'est pas tout à fait comparable au Rafale ou à l'Eurofighter, ne serait-ce que par son envergure, c'est aujourd'hui le meilleur avion de sa catégorie présent sur les marchés exports. Il murit au fil du temps grâce à de nombreuses améliorations apportées notamment grâce aux vols du démonstrateur Gripen NG aux quatre coins du monde. Saab qui n'est aujourd'hui plus qu'une entreprise de Défense (les voitures ayant changé de main) investit beaucoup pour le succès de cet avion fabriqué en Europe. Après tout, il valait mieux ça qu'une nouvelle fois un avion américain !



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