Aeroplans - MiG-29 IAFComme nous le disions dans un précédent article, New Delhi est en train de développer une industrie militaire forte et indépendante. Pour assoir sa position en Asie, mais aussi pour accéder à un statut plus important dans le monde, l’Inde travaille sur une armée moderne et indépendante.

Avec une envolée de son budget Défense, New Delhi compte à la fois sur ses échanges avec les industriels étrangers, mais aussi sur ses propres capacités. Tata, Jindal ou Mahindra & Mahindra sont aujourd’hui capables de fournir la majorité du matériel dont ont besoin les armées indiennes. Alors que cette volonté d’autosuffisance est clairement affichée, quelles sont les perspectives pour les industriels étrangers ?

 

 

Aeroplans - Eurofighter

Le contrat pour le renouvellement de la flotte de l’Indian Air Force.

Nous parlons régulièrement de ce mégacontrat pour la livraison de 126 avions de combat modernes, auquel participe le Rafale, l’Eurofighter, le F/A-18E/F-IN, le JAS-39 Super Gripen IN, le F-16IL et le MiG-35. Si pour l’Indian Air Force (IAF) il s’agit de renouveler la flotte, le défi est beaucoup plus crucial pour Dassault, EADS, Boeing, MiG ou Saab. Ce contrat avait déjà eu raison du Mirage 2000 français dont la production avait été stoppée suite à l’échec de la vente. À l’issue de ce nouvel appel d’offres, Saab et MiG pourraient également être rayés de la carte par manque de débouchés commerciaux.

Pour l’instant, le mieux placé pour remporter la timbale en Inde semble être l’Eurofighter. Après avoir multiplié les signes de bonne volonté à l’encontre de New Delhi en développant notamment une possible tuyère Aeroplans - Eurofightervectorielle, l’appareil européen mènerait la course. Avec ce contrat évalué à 10,4Md$ (7,6Md€), EADS et son chasseur assureraient leur avenir à moyen terme.

Alors que l’édition 2010 de DEFEXPO prenait place dans le pays jusqu’au 18 février remportant un grand succès, un Eurofighter de l’armée de l’air allemande franchissait les frontières indiennes. Au programme pour le chasseur, une série d’évaluations pour le compte de l’IAF. L’avion rejoint en fait le programme d’évaluation proposé à tous les participants de l’appel d’offres. Il sera testé sur les bases de Jaisalmer, Bengaluru et Leh. Si l’ambassadeur d’Inde en Italie, Arif Shahid Khan, a récemment affirmé que l’Eurofighter tenait la tête, le consortium européen affirme ne pas recevoir de signaux clairs de la part de New Delhi.

 

Aeroplans - MiG-29K

 

Les MiG-29K rentrent en service dans l’Indian Navy.

EADS ne peut donc pas encore crier victoire. Même si l’Eurofighter passait les tests techniques avec succès, l’affaire ne serait pas réglée pour autant. La concurrence est également en train de déployer un maximum d’efforts pour remporter ce contrat. Nous décrivions d’ailleurs une partie de la stratégie de Saab dans un précédent article.

En attendant, c’est MiG qui fait une démonstration notable de ses talents en Inde. Nous savons que l’Inde coopère beaucoup avec Moscou pour développer son industrie aéronautique et spatiale. Une coopération qui avait amené New Delhi à fournir à la Marine indienne seize MiG-29K, dont quatre dans leur version biplace KUB. Ces appareils sont donc rentrés en service ce mois-ci à la suite d’une cérémonie à Hansa, près de Goa, dans le sud du pays. Ils opéreront à bord du futur porte-avions Vikramaditya, lui aussi issu de la coopération indo-russe.

L’Inde dote ainsi sa force aéronavale d’appareils de quatrième génération +. Doté d’équipements avancés, l’appareil est l’un des plus modernes actuellement en service sur le sous-continent. Connu pour son agilité, l’appareil de supériorité aérienne sera incorporé à l’escadron des « Black Panthers ». Il complètera les Sea Harrier, Iliouchine-38, Chetak, Kiran et Dornier actuellement en service.

Déjà fournie en MiG-29B, l’IAF attendait ses appareils qui pourraient eux aussi jouer pour l’appel d’offres mentionné plus haut. En effet, New Delhi pourrait choisir de rationaliser son parc d’avions de chasse en harmonisant sa flotte aéroportée et celle de l’IAF. Dans tous les cas, si tout se passe bien pour ces MiG-29K, cela fera une bonne publicité à l’avionneur russe, qui cède de plus en plus sa place à Soukhoï sur les marchés.

 

Vers une industrie indienne autosuffisante.Aeroplans - Eurofighter en Inde

À New Delhi, on ne marche pas sur des œufs comme en Europe ou aux États-Unis. L’objectif à court terme est clair : il s’agit pour le pays d’être autosuffisant pour fournir ses armées en matériel moderne. Déjà, seulement 30% des matériels indiens sont importés. Si ce ratio peut être expliqué par une armée encore équipée de manière rudimentaire sur certains aspects, New Delhi veut accéder aux dernières technologies au plus vite. Pour cela, c’est vers les Occidentaux que l’Inde se tourne. Quand il s'agit de fournir ses armées, le pays ne veut pas être un simple client, mais bien un partenaire.

Ce désir nationaliste entraîne des conséquences non négligeables pour les industriels comme Dassault ou EADS. En effet, si New Delhi suit le même schéma que pour la construction de chars, le pays sera bientôt capable de produire des chasseurs de quatrième génération +. L’exemple des chars Vijayanta est intéressant, car aujourd’hui seulement 5% de l’engin ne sont pas sous contrôle indien.

Pour fournir 126 appareils de combat, le niveau de transfert technologique sera déterminant. Le pays obligera ainsi le fournisseur à produire les avions en Inde. Ceci tout en formant les ingénieurs locaux en partageant ces technologies. Sa situation géopolitique et son industrie de pointe font potentiellement de l’Inde un acteur majeur sur les marchés exports. Si l’on envisage de livrer les technologies de pointe occidentales dans le pays, l’Inde trouvera une aide non négligeable.

L’Inde déjà en lice pour un chasseur de cinquième génération.

Si le PAK FA ou T-50 russe est appelé à devenir le prochain appareil de cinquième génération après les F-22 et F-35 américains, l’appareil doit beaucoup au partenariat militaire et technique avec l’Inde. Datant de 1964, cette collaboration de longue date a permis à Moscou de remporter 75% des appels d’offres pour différents systèmes d’armes dans le pays. Une position dominante qui pourrait d’ailleurs être le point faible de Moscou pour l’appel d’offres pour les appareils de l’IAF.

Aeroplans - PAK FADepuis juin 2001, New Delhi et Moscou discutent de leur partenariat pour le développement d’un appareil de nouvelle génération, hésitant alors entre le T-50 de Soukhoï et le LMFS de MiG. En 2007, les deux pays signent un accord intergouvernemental pour le développement du T-50. Un partage à 50-50 des efforts de financement, de production et de conception. Alors que l’appareil a maintenant effectué son premier vol avec succès, on ne parle plus que d’une participation à 25% de l’Inde dans le programme. Une participation revue à la baisse peut-être par le regain de vitalité de l’industrie russe habituée à son indépendance.

L’appareil, qui sera adapté aux besoins indiens avec notamment une version biplace non souhaitée par les Russes, commencera à être produit en Inde (à Nasik) en 2017, soit seulement deux ans après la Russie. Aeroplans - PAK FAIl sera alors connu sous la dénomination FGFA, affirmant toujours plus l’indépendance indienne. Le pays affirme vouloir en produire 250 exemplaires.

Ainsi, d’ici 2017 l’Inde ne sera plus un pays parmi les autres et rentrera dans le cercle des puissances capables d’aligner des appareils de quatrième génération + à côté d’appareils de cinquième génération. Le tout produit sur le territoire national grâce à la coopération étrangère.

Michael Colaone.

 

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