Aeroplans - Sea GripenAlors que la survie de l’avionneur suédois ne tient plus qu’à un fil, il se propose désormais de plancher sur une version navalisée de son chasseur le plus abouti, le Gripen NG.

Le futur de l’avion de combat suédois se jouera probablement à l’issue des appels d’offres en cours. Combattant en Inde, au Brésil, en Suisse ou encore en Grèce, les Suédois doivent à tout prix vendre leur appareil. Les commandes nationales ont effectivement été stoppées et les exportations vers la Thaïlande ne suffiront pas à faire vivre les chaînes de production bien longtemps.

 

 

 

 

Si l’on annonce que les deux années à venir seront déterminantes pour la survie de certains avionneurs mondiaux, Saab est définitivement de ceux-là. Mais résignation ne semble pas être suédois et après le Gripen NG qui reste encore bien virtuel, c’est le Sea Gripen qui fait désormais son apparition.

Aeroplans - Sea Gripen

C’est en réponse à une demande d’information de New Delhi émise le 10 décembre 2009 que Saab affirme pouvoir navaliser son Gripen NG. Après les remous provoqués par l’Eurofigther qui lui aussi pourrait mettre prochainement en service une version navale grâce à une nouvelle tuyère, c’est au tour de Saab de faire sensation. New Delhi continue en tout cas de pousser les Occidentaux en avant et permet à Saab de rêver à une carrière plus longue alors que les possibilités se font de plus en plus rares.

L’objet de la convoitise est le suivant. L’Inde constitue actuellement un nouvel escadron de chasse au sein de sa Marine nationale, les panthères noires. Bientôt officialisé et doté de seize MiG-29K (dont quatre dans leur version biplace KUB), cet escadron opérera sur le futur porte-avions Vikramaditya.

New Delhi reste aussi en discussion avec Moscou pour l’achat d’une trentaine de MiG-29K supplémentaires. Ce contrat pourrait d’ailleurs être le dernier pour la compagnie russe MiG qui s’efface au profit de Soukhoï. Mais, animés d’une vision sur le long terme, les Indiens tâtent déjà le terrain pour un chasseur embarqué additionnel en complément de ses MiG.

Aeroplans - Sea GripenMême si rien ne garantit encore que l’Inde exploite deux chasseurs aéroportés différents, il n’en fallait pas plus pour faire marcher l’imagination des ingénieurs suédois. Alors que le Gripen NG n'est déjà qu'un avion de papier, le Sea Gripen est encore plus fantastique.

Tout comme le Gripen NG, la version navalisée est potentiellement attrayante et facile d’utilisation. Pour Saab, l’investissement ne serait pas très important et les modifications à apporter à son « appareil » pourraient être appliquées rapidement. Grâce aux spécifications déjà draconiennes, tant du point de vue efficacité que robustesse, émises à l’époque par la force aérienne suédoise, cette navalisation serait assez facile.

Habitué à pratiquer des atterrissages à basse vitesse sur des terrains non préparés et nécessitant donc une précision dans le contrôle de l’approche ainsi qu’un taux de descente élevé, le Gripen dans sa version la plus aboutie est un bon candidat. De plus, du fait de sa petite taille, une voilure repliable ne serait pas nécessaire. Les faibles coûts de maintenance joueraient également sans être un élément déterminant en la faveur du chasseur. Surtout dans le cas de l’appel d’offres indien.

Beaucoup de potentiel donc et Saab n’aurait alors qu’à renforcer le train d’atterrissage et la cellule tout en ajoutant une crosse d’appontage. La masse de l’appareil augmenterait d'environ 500kg, mais le rendrait apte à des missions antinavires comme de défense de groupes aéronavales.Aeroplans - Saab JAS-39 Gripen

Alors que les perspectives de survie s’amenuisent pour Saab dans le monde, il se pourrait bien que ce soit la dernière cartouche que tire le groupe suédois. Au Brésil, le Rafale semble bien parti pour décrocher l’un des appels d’offres les plus en vue du moment. La Grèce, en proie à de très sérieuses contraintes économiques, ne se prononcera probablement pas dans un avenir proche. En Inde, le Gripen doit faire face à une concurrence acharnée et ne fait de loin pas office de challenger.

C’est peut-être en Suisse que le chasseur suédois aurait le plus de chance d’assurer sa survie. Si Berne détient déjà des appareils américains, les Suisses hésitent encore entre Rafale, Eurofighter, F/A-18 supplémentaires et Gripen NG pour augmenter les capacités de son armée de l’air. Cependant, la Suisse ne possédant pas de porte-avions, l’intérêt d’un Sea Gripen n’est pas très grand.

Reste que c’est sur l’Inde que Saab se focalise. Avec l’appel d’offres en cours pour la fourniture de 126 avions de combat, le groupe suédois espère ainsi faire un peu plus pencher la balance en sa faveur et en celui du Gripen NG. Le rêve serait alors de décrocher ce méga-contrat pour l’Indian Air Force tout en s’offrant le luxe de fournir également la Marine indienne.

Michael Colaone.

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