Aeroplans - Site AlcantaraAnalyse - Nous parlons très régulièrement du Brésil sur ce blog, notamment pour la lutte pour fournir des avions de combat. Ce pays sud-américain tente de s’affirmer en temps que puissance régionale dominante depuis des années, et il concentre notamment ses efforts sur la création d’une industrie aéronautique et spatiale. De ce fait, Brasilia tourne parfois son regard vers l’Espace, et cela avec de plus en plus d’ambition.

La conquête de l’Espace par le Brésil a connu des hauts et des bas. Nous nous souvenons des aléas dans le développement du lanceur indigène VLS. Et pourtant, cette industrie bénéficie d’un soutien important, tant d’un point de vue économique que politique.

 

 

 

Aeroplans - Lanceur Cyclone-4La sélection de Tsiklone-4 par le Brésil.

Pour satisfaire à ses ambitions et passer outre les trop nombreux problèmes sur VLS, Brasilia passe à l’offensive avec des lanceurs étrangers. Un temps précieux de gagné et qui permet à la fois d'apprendre et de s’affirmer en temps que première puissance spatiale sud-américaine. Ceci en attendant bien entendu l’émergence d’un vecteur brésilien digne de ce nom. Ainsi donc, le Brésil s’est depuis quelques années tourné vers la France.

Le Brésil et la France possèdent une frontière commune qui s’étend sur des kilomètres de forêt, la Guyane. Une région qui reste l’un des symboles de la puissance spatiale française grâce au Centre Spatial Guyanais. Régulièrement, les autorités des deux pays assurent de la bonne tenue de négociations visant à accélérer les liens entre les deux industries spatiales. Et pourtant, le sujet semble peiner à passer à la vitesse supérieure.

Rien de moins étonnant alors que d’autres puissances spatiales tel que l’Ukraine sont passées à l’offensive, invitées ou non, par le Brésil. Le 15 septembre, l’Ukraine et le Brésil ont annoncé leur intention de procéder à un premier tir d’une fusée Tsiklone-4 depuis le sol brésilien à Alcantara en février 2012. Un sérieux concurrent à la stratégie française dans la région. L’industrie aérospatiale ukrainienne n’en est pas à ses débuts. Une nouvelle fois, c’est le ministre de la Défense brésilien Nelson Jobim qui a confirmé ce projet. L’homme s’affirme chaque jour un peu plus comme étant une clé sur le marché local de l’aéronautique et du spatial. Reste à savoir dans quelle mesure il saura rebondir après les élections présidentielles à venir.

Au Brésil comme en Ukraine, l’industrie spatiale est régie par le ministère de la Défense. L’ « Institut Central » ukrainien s’est Aeroplans - Lanceur Bresilien VLSdonc trouvé un interlocuteur plutôt naturel. Les deux pays ont aussi signé un accord de coopération militaire. Un de plus pour le Brésil qui vient d’officialiser un accord avec Londres. Des visites d’usines militaires en Ukraine étaient au programme de la visite officielle.

Ce projet de coopération dans le domaine spatial ne date pas d’hier. Le ministère ukrainien de la politique industrielle avait rapporté fin août que le pas de tir d’Alcantara serait inauguré d’ici septembre. La co-entreprise ukraino-brésilienne Alcantara-Cyclone-Space procède elle à des travaux de prospection et de forage depuis aout 2008.

L’avènement de Tsiklone-4.

Cet évènement nous rappelle encore un peu plus que le Brésil souhaite mettre au point un lanceur lourd. Tsiklone-4, conçu par le bureau d’études Youzhnoïe, est la version la plus puissante de la fusée Tsiklone. Elle est destinée à injecter un ou plusieurs satellites sur des orbites circulaire, héliosynchrone ou encore géostationnaire.

Les fusées de la famille Tsiklone sont exploitées depuis 1969. Les Tsiklone-2 sont lancées depuis le cosmodrome de Baïkonour. Les Tsiklone-3 le sont depuis Plessetsk en Russie. Selon Youzhnoïe, les premiers Tsiklone-4 seront bien opérationnels depuis le Brésil. Ceci à moins que la Russie devance les Brésiliens avec notamment la construction du cosmodrome Vostotchni. Le premier ministre Vladimir Poutine annonce que d’ici 2011, 89M€ seront débloqués pour ce projet qui viendra remplacer le cosmodrome de Baïkonour. Cette nouvelle base située dans la région de l’Amour coûtera en tout près de 697M€. La Russie possède actuellement trois sites spatiaux nationaux: le cosmodrome de Plessetsk (région d'Arkhanguelsk) et les polygones de tir de Kapoustine Yar (Volga) et de Dombarovski (Oural). Cependant, aucun d'entre eux n'est pour le moment en mesure de supplanter le cosmodrome de Baïkonour.

Le Brésil reste la puissance montante des BRIC.

Malgré ces avancées, le Brésil reste le pays des BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine) qui entre véritablement en dernier dans le club très prisé des grandes puissances spatiales mondiales. Nous ne reviendrons pas sur l’énorme savoir-faire russe en la matière. La Chine s’est récemment illustrée en envoyant son premier Homme dans l’Espace. Enfin, l’Inde fait régulièrement étalage de ses réussites notamment avec son PSLV. Reste à savoir comment, et surtout quand, les grandes puissances historiques comme la France ou les Etats-Unis vont réagir.

Les programmes européens, et parfois même américains, sont dans le creux de la vague. Si les Etats-Unis sont comme souvent plus prompts à réagir, nous sommes de plus en plus inquiets sur la position européenne, et notamment française. Une fois de plus, le pays semble avoir du mal à évoluer dans un monde qui a changé. Malgré un produit très avancé et fiable, Ariane 5, l’Ukraine avec son Tsiklone-4 en projet semble avoir prit le dessus sur la France au Brésil.