Conseil de l'Agence Spaciale Européenne

Les dix-huit Etats membres de l’ESA et le Canada réunis à la Hague, les 25 et 26 novembre dernier. Photo ESA - Le Floc'h.

Hasard du calendrier, l’ouverture de ce blog coïncide presque jour pour jour avec un événement de la plus haute importance pour le secteur spatial européen : la réunion du Conseil de l’Agence Spatiale européenne au niveau ministériel.

Les dix-huit Etats membres et le Canada ont souscrit 9,94 Md€, soit 95,5% des 10,41 Md€ demandés par le Directeur général de l’Agence, l’énergique Jean-Jacques Dordain.

Mais si, en moyenne, l’Europe peut se vanter de s’être donné les moyens nécessaires pour accomplir un programme spatial digne de ce nom, d’importantes inégalités de financement subsistent, et certains secteurs clés en souffrent.

On pense notamment à celui des lanceurs. On se rappelle que le programme Ariane 5, qui fait aujourd’hui la fierté du Vieux Continent, a été lancé avant même qu’Ariane 4 n’effectue son premier vol. C’est cette capacité d’anticipation qui a permis à Arianespace de devenir le leader mondial sur le marché du lancement de satellites commerciaux.

En août dernier, le Président d’Arianespace, Frédéric D’Allest, avait déjà tiré la sonnette d’alarme en dénonçant l’absence de projet pour succéder à la version actuelle du lanceur, Ariane 5 ECA (Evolution Cryotechnique type A).

Au Conseil Ministériel de la semaine dernière, les Etats membres ont accepté de financer un nouvel étage supérieur (« Post-ECA ») à hauteur de 355 M€. C’est plus que les 340 M€ demandés par l’ESA, certes, mais est-ce suffisant ?

Cette enveloppe ne financera que la première phase des études. A elle seule, la conception du nouveau moteur « Vinci » coûtera la coquette somme de 1,5 Md€ !

La décision de développer ou non le Post-ECA a été reportée à plus tard, et ne sera prise au mieux que lors du prochain Conseil de 2011, avec une mise en service entrevue pour 2017.

D’ici là, la concurrence se sera mise en ordre de bataille. L’Angara russe et la Longue-Marche 5 chinoise seront opérationnelles, et la masse des satellites commerciaux aura probablement augmentée, ce qui pourrait empêcher Arianespace de poursuivre sa politique de lancements doubles à l’origine de son succès.

Légende de la photo : Les dix-huit Etats membres de l’ESA et le Canada réunis au niveau ministériel à la Hague, les 25 et 26 novembre dernier. Photo ESA - Le Floc'h.