Aeroplans - Camcopter S-100Analyse - Avec l’initiative du programme DALE (drone aérien léger embarqué), la DGA a lancé une demande d’information auprès des industriels afin de tester des drones légers, exploitables à partir de la plateforme arrière d’une frégate. Ce programme a pour but d’équiper en 2012, les frégates de type Lafayette de moyens de renseignements dronisés, qui opéreraient aux cotés des Panthère dans la lutte anti-piraterie dans l’Océan indien. Ces UAVs allégeraient considérablement la charge de travail des hélicoptères de l’aéronavale, notamment dans les missions de détection et d’identification des cibles maritimes et terrestres. Schiebel, fort de son expérience acquise avec le premier appontage automatique d’un drone (le Camcopter S-100) sur une frégate en septembre 2008, paraît comme un des favoris.

 

 

 

Aeroplans - Camcopter S-100Les prétendants

Le Schiebel Camcopter S-100 est un drone à voilure tournante d'une masse de 200kg disposant d’un rayon d’action de 80 à 180 km. Pour des dimensions de 3,1 x 1,1 X 1,2m, il affiche une autonomie de 6 heures avec une charge utile de 34kg. Dans le cas du programme DALE le Camcopter emporte une boule Agile 2 de Thales, équipée d’un ensemble optronique-infrarouge, télémètre laser et récepteur AIS. L’appontage de 2008 a été réalisé en coopération avec DCNS qui a conçu le système de décollage et d’appontage infrarouge, pour une précision de 30 cm. Les 3 entreprises prévoient donc logiquement une réponse commune pour cet appel d'offre

Concernant les spécifications de celui-ci, la DGA stipule que l’appareil devra pouvoir voler au moins 4h, avec une liaison à Aeroplans - Cybaero Apid 160portée directe d’environ 50 à 80 NM, stockable dans un hangar (4,65 X 2 X 1,82m) ou dans une soute (3,5 X 1,5 X 1,5 m). Il devra pouvoir décoller et apponter (pas nécessairement de façon automatique) jusqu’à un état de mer 3.

Dans le cadre de la location du VTOL de Schiebel par la DGA en décembre 2009, l’appareil a totalisé 150 heures de vol, de jour comme de nuit. Les tests se sont déroulés sur le camp militaire de Canjuers puis de Sissone pour se terminer sur l’île du Levant. Le Drone aurait pris part à des exercices d’opération maritime tel que suivi à distance de navires, lutte antidrogue et simulation d’attaque de pirate.

Cependant, d’autres industriels se disent intéressés. C’est par exemple le cas une nouvelle fois de Thales avec la participation de Cybaero. Le produit présenté serait l’Apid inspiré du Skeldar de Saab. L’engin, d’une masse de 160Kg (basé sur l’Apid 160), est né du projet pélicano, dans le partenariat avec Indra. Il Aeroplans - 1er appontage automatique du Camcopter S100afficherait des dimensions de 3,2 X 1,2 X 0,95 m et doit déjà répondre aux besoins de la marine espagnole. L’électronicien fournirait donc la charge utile et autres composants du VTOL français, mais une réponse avec le partenaire EADS pour la France parait plus probable pour l’entreprise Suédoise. Le géant européen et CybAero travaillent sur le projet Alca, un drone hélicoptère de 300kg qui pourrait voler en 2011.

Préparer un projet encore plus ambitieux

La DGA et la marine nationale ne comptent pas en rester là. Le programme DALE permettra d’acquérir l’expérience nécessaire pour préparer le projet SDAM (Système Drone Aérien de la Marine), en coopération avec l’armée de Terre qui exprime les mêmes besoins.

 

Ces appareils, de la classe d’une tonne, seraient mis en œuvre à partir de tous types de plateforme (porte-avion, BPC, frégate...). Dans sa version marine, le drone serait équipé d’un capteur optronique, d’un radar, d’un intercepteur radar et d’un récepteur d’identification. La mise en service est estimée pour 2019.

Mais là on ne dépasse pas le domaine des VTOL. On est encore bien loin des UCAV déployés à partir de porte-avion, à l’instar de l' USNAVY américaine qui a déjà parcourue beaucoup de chemin dans le domaine des drones navals.

Aeroplans - Northrop X-47B PegasusL’exemple américain

Si Dassault (et ses partenaires) ainsi que BAe Systems, avec respectivement le nEUROn et le Taranis, ont su rentrer dans la course des drones armés, ils ont pris un certain retard par rapport au X-47B du projet J-UCAS. Northrop Grumman conçoit en effet un démonstrateur UCAV en version déjà navalisée. Ce qui n’est pas le cas des 2 projets du vieux continent, du moins à l'heure actuelle. La navalisation d’un appareil n’étant pas conçue pour opérer à partir d’un porte aéronef (catapultage, appontage, résistance au sel…), nécessite de coûteuses et lourdes modifications, notamment dans le renforcement de la structure et du train d’atterrissage. L’américain aurait fait le bon choix de partir sur une base naval qui ne s’oppose pas à évoluer en une version utilisée par l’USAF

Rappelons que Lockheed Martin a présenté son concept Various, très ambitieux, un drone VTOL de moins d’une tonne et présentant de nombreuses innovations. Pour en citer quelques unes, on retiendra la furtivité, les réacteurs hybrides et Aeroplans - VUAV Eagle Eyearmement de type gunship (comme l’AC-130 spectre). Il pourrait opérer à partir du pont d’une frégate (en mode VTOL) et disposer des avantages d’une voilure fixe pendant sa mission mais le projet reste à l’état embryonnaire.

Que ce soit avec l’Eagle eye de Bell pour les Coast Guards ou le MQ-8B Fire Scout pour la NAVY, les américains ont su exploiter et prouver l’efficacité de leurs VTOL ces dernières années. Déjà en service en grands nombres, ces 2 produits rentreraient parfaitement dans les cordes du projet SDAM français. On devra donc s’attendre à une forte concurrence outre atlantique.

Une solution simple et plus rapide s’offrirait aux marines européennes. Bien qu’il n’est pas forcément question d’acheter des drones navals à 100% américains sur étagères, tout en délaissant les industriels européens. La solution serait de Aeroplans - Northrop Fire Scoutdisposer d’une cellule de conception américaine tout en y associant le savoir faire de l’électronique européenne, comme cela se fait aujourd’hui avec l’Eurohawk pour répondre aux besoins de systèmes de type HALE. De plus ceci aurait l’avantage d’accélérer le processus d’autorisation à l’exportation de la part des autorités de Washington, les composants électroniques étant trop sensibles pour être sujet à l’exportation.

Il y a quelques années, on évoquait une coopération possible entre Thales, associé à Boeing, sur la plateforme Little Bird. Et Sagem, à Bell Helicopter sur la plateforme convertible Eagle Eye. Ces coopérations devraient ressurgir lors de la montée en puissance du projet SDAM,ceci apporterait une certaine expérience pour les industriels français.

Pour des projets plus ambitieux que le DALE, ce sera comme souvent, le rôle des Etats de choisir entre une solution totalement indépendante, mais qui devrait prendre plus de temps et de financement, ou le compromis de la coopération outre atlantique qui donnerait accès à des engins rapidement disponibles.

Arnaud Gonnard