Aeroplans - A319 MPA pour l'Inde © Airbus SASNous l’avons vu, EADS CASA propose actuellement le développement de son nouvel avion de surveillance maritime et de lutte anti-sous-marine, l’A319 MPA. Dérivé du fameux Airbus A319, l’avion présente un potentiel énorme, notamment grâce à la maîtrise technologique de l’avionneur.

Cependant, nous verrons que sur ce marché c’est une nouvelle fois l’américain Boeing qui règne en maître. Malgré une poussée russe avec notamment l’Il-38 ou une initiative française avec la série des Breguet Atlantic, c’est bien un appareil comme le P-3 Orion qui s’impose dans les esprits comme le porte drapeau de ce type d’avions.

Nous verrons alors dans quelle mesure l’A319 MPA a une chance de survivre dans cet univers hautement concurrentiel.

 

 

S’attaquer à la suprématie américaine.Aeroplans - Parachutage par un C295 © Airbus SAS

Il est de ces marchés où Boeing domine les cieux depuis des années. Aujourd’hui, avec le rapprochement d’EADS et de CASA, c’est ce monopole déjà entamé quelque peu par les Russes qui est en ligne de mire.

En Russie, quand on parle d'avions de patrouille maritime on pense surtout au fameux Iliouchine Il-38. Cependant, si l'appareil a enregistré un succès à l'export en Inde, son âge avancé n'en fait plus un concurrent direct. Conçu à l'époque soviétique, il est lui-même l'évolution de l'Il-18. Il a ainsi effectué son premier vol en 1967 et a était construit à 176 exemplaires.

Outre les Russes, l'A319 MPA devra aussi faire face à un autre type de concurrence, celui d'appareils plus légers. Nous parlions des C295, CN235 et C212. Le C295 Maritime Patrol Aircraft (MPA) vient Aeroplans - P-3 Orion © Airbus SASjustement d'être certifié par l'INTA (Espagne) pour la lutte anti-sous-marine. Mais gardons aussi à l'esprit des avions tels que les Falcon 900 et autre Gulfstream G550. Des appareils plus légers et aux performances moindres, mais plus flexibles et surtout plus économes.

Du côté américain, l'histoire est tout à fait différente. Habitués à offrir une gamme complète d'appareils, les Etats-Unis se sont fait fort de fournir la planète entière notamment avec son fameux P-3 Orion. L'avion de patrouille maritime quadrimoteur à hélices est lui aussi dérivé d'un projet d'avion civil malheureusement tombé dans l'oubli, le Lockheed L-188 Electra.

Le développement de cet avion remonte à 1957 quand l'US Navy fait part de son besoin de remplacer ses P2V Neptune utilisant encore des moteurs à pistons. Le premier prototype dénommé YP3V-1 volera pour la première fois 25 novembre 1959. En tout 649 appareils furent produits, dont 110 sous license par la firme japonaise Kawasaki.

Aeroplans - P-3 Orion de l'armée de l'air espagnole © Airbus SASLe P-3 Orion a été dérivé dans un nombre impressionnant de variantes, destinées aux Etats-Unis et aux nombreux pays clients. A titre d’exemple, en Europe l’appareil vole pour le compte de l’Allemagne, de l’Espagne, de la Grèce, des Pays-Bas et du Portugal.

Son concurrent le plus sérieux : Le P-8 Poseidon.

Cependant, l’Orion n’est pas la cible privilégiée de l’A319 MPA. Aujourd’hui relégué au marché de l’occasion, il va être progressivement remplacé par un appareil en cours de développement, le P-8 Poseidon. Aussi désigné P-8 MMA pour Multimission Maritime Aircraft, l’avion n’est plus seulement un avion de patrouille maritime mais aussi un appareil de lutte anti-sous-marine.

Lui aussi dérivé d’un avion de ligne à succès, le Boeing 737, il répond au besoin de l’US Navy de remplacer les P-3 Orion dont nous parlions plus avant. La Aeroplans - P-8 Poseidoncompétition pour le programme MMA a vu s'affronter le Lockheed Martin Orion 21 (un dérivé plus moderne du P-3C) et la version modifiée du Boeing 737.

L’avion est des plus moderne est doit entre autre être capable d’interagir avec des drones. Dans un contexte de guerre en réseau, il sera capable de travailler avec la quarantaine de drones RQ-4N choisi dans le cadre du programme Broad Area Maritime Surveillance devant assurer une surveillance surface de longue durée et le drone de combat ScanEagle Compressed Carriage pouvant être largué directement depuis des aéronefs ou des bateaux et permettant d'attaquer à distance de sécurité.

L’appareil est attendu pour être produit à 117 exemplaires pour la marine américaine avec une entrée en serive à l'horizon de 2013. Boeing s’attend aussi à une centaine de ventes à l’exportation. L’Australie, l’Italie et le Canada ont été contactés pour prendre part au programme de développement, mais seule l’Australie semble vraiment intéressée. A l’heure actuelle, le P-8I a déjà trouvé preneur pour huit exemplaires en Inde en remplacement des Tu-142. L’Arabie Saoudite s’est elle aussi dite intéressée pour l’achat de six exemplaires.Aeroplans - Atlantique 2

Le 8 juin dans le ciel de Seattle, un premier P-8A Poseidon a rempli avec succès ses premiers tests de systems de mission. Pendant ce vol de trois heures, des opérateurs de la Navy et de chez Boeing ont testé les cinq consoles de bord. Ce vol fut effectué par l'exemplaire T2 qui fait parti des cinq appareils du programme de test. Le T1 est entré dans le programme en octobre 2009 et se trouve désormais sur la base de Patuxent River depuis le mois d'avril.

Entre sauvegarde et développement du savoir-faire européen.

Pour les Français, le symbole des avions de patrouille maritime reste le mythique Breguet Atlantic. Toujours en service, l’avion fut dérivé en deux versions : ATL1, produit à 87 exemplaires et ATL2, produit à 28 exemplaires. Il sera exporté en Italie, en Allemagne (remplacé par des P-3), aux Pays-Bas et au Pakistan.

Tout comme le sera peut-être l’A319 MPA, l’ATL2 est un véritable système d'armes volant puisqu’il embarque (en soute exclusivement)Aeroplans - Shéma A319 MPA © Airbus SAS des AM-39 Exocet, des torpilles Mk-46 et MU-90, des grenades, des bombes, des lance-bombettes d'exercice et des conteneurs SAMAR ou SATER. Une capacité de largage de bombes guidées laser a été récemment ajoutée.

Si Dassault ne peut aujourd’hui plus se lancer dans la conception de tels appareils, c’est sous l’égide d’EADS CASA qu’il faudra attendre un successeur de l’ATL2 français. Une mission à prendre au sérieux alors qu’il s’agit une nouvelle fois de démontrer la capacité française - et donc européenne - de produire ses propres outils de surveillance et de Défense.

Reste à savoir dans quelle mesure les drones viendront remplacer ce type d’appareils pilotés. Cependant, comme le démontre notamment le développement du P-8 Poseidon, ce type d’appareil restera surement centrale dans une configuration de guerre en réseau.