Aeroplans - HELIOS IIBDébut février, un événement est passé quasiment inaperçu et pourtant il symbolise mieux une Europe de la Défense qui avance que tout autre projet. Cet événement, c’est la signature d’un contrat diligentant Thales Alenia Space pour la fourniture et la mise en orbite d’un satellite militaire et civil baptisé Athena-Fidus.

Satellite géostationnaire de télécommunications très haut débit (plus de 2Gbit/s), il servira indifféremment les personnels français et italiens. Une nouvelle étape pour l’indépendance des deux pays puisqu’ils achetaient jusqu’à présent des capacités SATCOM à l’OTAN. Au-delà de la mise en marche d’un nouveau moyen opérationnel dans la lignée du Livre Blanc de la Défense, ce projet commun montre aussi l’exemple de ce que devrait être la coopération européenne.

 

 

Un peu d’histoireAeroplans - Sicral-1b

Cet épisode de la coopération franco-italienne commença le 12 juillet 2007 quand la France et l’Italie signèrent un accord visant à mettre en service actif SICRAL-2, qui devrait avoir lieu en 2011. Ce nouveau satellite est le digne successeur de l’italien SICRAL-1B qui fournit des services de communications stratégiques et tactiques aux forces armées italiennes. Dans le prolongement de cet accord, les ministres de la Défense français et italien ont signé lors du sommet franco-italien de Nice du 30 novembre 2007 une lettre d’intention pour le lancement d’Athena-Fidus. Le projet était ainsi lancé, amenant à la signature dont nous parlions plus haut.

 

Aeroplans - Telespazio et ThalesLa coopération franco-italienne est un succès

Soucieux de préserver un budget Défense insuffisant vis-à-vis de velléités d’envergure, les Italiens se sont tournés vers leurs voisins européens pour produire des projets en coopération. Fort de son savoir-faire acquis au travers de ses entreprises nationales, l’Italie s’adressera à l’Allemagne et au Royaume-Unis sans obtenir le résultat voulu. C’est finalement tout logiquement avec la France que les projets se succèdent et donnent aujourd’hui naissance à Athena-Fidus qui sera fabriqué entre Cannes, Toulouse et Rome. Car au final, les satellites SICRAL et Athena-Fidus ne font qu’arriver après le programme de coopération dual franco-italien ORFEO (COSMO-SKYMED et PLEIADES) et HELIOS-IIB.Aeroplans - Missile METEOR

Une coopération logique, donc, puisque les deux pays sont liés depuis longtemps dans le domaine de la Défense et de l’aéronautique. L’Italie est d’ailleurs le premier partenaire de la France dans le domaine. On retrouve des traces de cette coopération dans la construction navale (frégates Horizon et FREMM), des les missiles (SCALP-EG et même METEOR) et bien-sûr dans l’aéronautique (Neuron). Enfin, si l’on ajoute que les deux pays sont avec l’Allemagne et le Royaume-Uni les membres fédérateurs de l’OCCAR (l’organisation conjointe de coopération en matière d’armement européenne), la bonne entente franco-italienne pour les satellites ne pouvait que fonctionner. Enfin, n’oublions pas que Thales Alenia Space et Telespazio, les deux filiales espace communes à Thales et à Finmeccanica, sont parmi les plus dynamiques de la planète.

C’est dans ce contexte qu’à l’occasion du sommet de Turin du 29 janvier 2001, la France et l’Italie ont conclu un accord sur une coopération qui vise à mettre en place un système à vocation duale de satellites multi-capteurs (radar et optique) d’observation de la Terre. Quatre satellites radar rattachés à la constellation COSMO-SKYMED de conception italienne virent le jour ainsi que deux satellites optiques de conception française qui rejoignirent eux, la constellation PLEIADES.

Aeroplans - PLEIADESPourquoi Athena-Fidus ?

Le projet Athena-Fidus se fera grâce à la coopération entre la DGA et le CNES français, et côté italien, entre le Segredifesa (secrétariat général pour la Défense italienne) et l’ASI (agence spatiale italienne).

Du côté français, les militaires utilisent depuis 1985 les satellites géostationnaires du programme Syracuse pour communiquer. Avec Syracuse 3, le système est sécurisé, résistant au brouillage et protégé contre la guerre électronique. Cependant, les besoins croissants notamment en communications non stratégiques demandent désormais plus de capacités.

Il a ainsi pour objectif de répondre aux besoins croissants en moyens de télécommunications spatiaux des Ministères de la Défense français et italien ainsi qu’aux besoins des acteurs institutionnels de la sécurité de ces pays (sécurité civile, intérieure, etc). Le montant du contrat est estimé à 280 millions d'euros alors que Aeroplans - Syracuse-3al’engin devrait être placé en orbite en 2013. L’engin devrait peser environ 3 tonnes et emporter une charge utile d’environ 4kW. Pour cela, les militaires vont s’inspirer des technologies civiles de pointe dans le domaine et que Thales Alenia Space maîtrise parfaitement.

Par ailleurs, la France et l’Italie prépare un autre projet commun dont nous parlions il y a quelques semaines, MUSIS. Avec l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et la Grèce se prépare la future génération de satellites d’observation optique et radar qui succédera aux systèmes Hélios II, COSMO-SKYMED et SAR-Lupe. Espérons alors que cette coopération plus européenne se passe aussi bien que celle qui unit la France et l’Italie.

Michael Colaone

A lire aussi : En route vers MUSIS et retour sur Hélios IIB.