Aéroplans - L'ATV-2 à Brême, le 11 mai dernier (photo : Astrium).

Mardi 25 mai 2010, le deuxième vaisseau spatial ATV est arrivé par voie maritime, à l'appontement de Pariacabo à Kourou, et a été convoyé jusqu'au Centre Spatial Guyanais.

EADS Astrium avait livré le 11 mai dernier ce deuxième exemplaire, baptisé Johannes Kepler. Construits en Italie par Thales Alenia Space et à Brême par Astrium, les différents éléments seront assemblés dans le bâtiment S5 du CSG, et la préparation finale pourra débuter pour un lancement prévu le 9 décembre 2010.

A noter aussi que le prochain lancement d'une Ariane 5 vient d'être annoncé. La mise en orbite d'ARABSAT 5A et de COMS est pour l'instant fixée au 23 juin 2010.

 

 

Un programme lancé quinze ans plus tôt

Le premier exemplaire de l'ATV, Jules Verne, avait volé en 2008 et avait alors parfaitement accompli sa mission, démontrant le savoir-faire et la très haute technicité de l'Europe dans un domaine où elle n'a a priori que peu d'expérience, à savoir les vols habités.

Aéroplans - Le module ICC de l'ATV-2 en préparation chez Thales, à Turin (photo : Thales Alenia Space).Derrière ce succès qui, nous l'espérons, sera renouvelé, on peut s'interroger sur les objectifs réels d'un programme aussi fondamental que l'ATV.

En 1995, l'Agence Spatiale Européenne s'était engagée à construire l'ATV pour un total de 700M€, avec un premier vol prévu sur Ariane 5 en octobre 2001. Le développement a cependant pris du retard, pour être finalement chiffré à 1,35Md€.

Le bouleversement du programme ISS causé par la perte de la navette spatiale américaine Columbia n'a rien arrangé, et c'est avec plus de six ans de retard que Jules Verne avait pris son envol. Le contrat initial portait sur neuf exemplaires, mais il a par la suite été ramené à seulement cinq, dont le prix unitaire est évalué à environ 300M€, lancement non inclus.

Tout ça pour ça ?

En comparaison, le vaisseau russe Progress, développé par RKK Energuia, coûte moins de 100M€, lancement compris. Certes, il est beaucoup moins performant : la seule masse du carburant qu'il utilise pour rejoindre l'ISS est supérieure à la capacité du vaisseau russe. Mais à quel prix !

Aéroplans - Un vaisseau russe Progress (photo : RKK Energuia).Le Progress est simple et largement éprouvé : plus de 110 missions à son actif, sans aucun échec. Depuis quelques années, la Russie en lance pas moins de quatre par an, avec la régularité d'une horloge. De plus, de nombreuses et régulières améliorations permettent de conserver le vaisseau à un niveau technologique très correct.

En revanche, contrairement à l'ATV, le Progress restera un Progress : étant lui-même dérivé d'un vaisseau habité, le mythique Soyouz, il ne connaîtra pas d'évolution majeure. Le ravitailleur européen, quant à lui, a une chance de transporter un jour des cosmonautes européens, c'est le programme ARV (Advanced Reentry Vehicle).

Lancé en juillet 2009, le projet sera examiné lors du Conseil Ministériel de l'ESA de 2011. S'il est décidé, outre l'autonomie d'accès à l'Espace qu'il donnera à l'Europe, il permettra de beaucoup mieux rentabiliser les coûts de développement de l'ATV.

En effet, il semblerait quelque peu exagéré d'avoir consenti tant de moyens dans l'ATV si cela ne devait servir qu'à ravitailler cinq fois l'ISS, ce que les Russes pourraient très bien faire à moindre frais. Astrium, qui serait le maître d'œuvre du projet, apporte bien entendu son soutien, et ce avec l'appui de l'ESA.

En attendant, l'ATV-3, baptisé Edoardo Amaldi, a commencé son intégration à Brême, et l'ATV-4 le suit de près. Ces deux vaisseaux seront lancés respectivement en octobre 2011 et en 2012. L'ATV-5 s'envolera quant à lui en 2013, et l'avenir nous dira ce qui se passera ensuite, s'il se passe quelque chose...