Aeroplans - Logo BombardierLe géant canadien de l'aéronautique, malgré un carnet de commandes plus que maigre poursuit ses investissements dans l'innovation, et plus particulièrement dans le développement de ses deux programmes phares, le Learjet 85 et le CSeries.

Ces deux modèles ne comptabilisent que très peu de commandes à l'heure actuelle, moins de cent appareils pour chacune des version. Trop peu pour rentabiliser ces programmes industriels gigantesques. Jouissant d'une bonne santé financière, Bombardier semble vouloir jouer la carte de la reprise économique. Le marché sera-t-il au rendez-vous ?

 

 

 

 

bombardier-learjet-85MISE EN PRODUCTION DU LEARJET 85

Le Learjet 85, dernier né de la division "affaires" du groupe verra bien le jour, l'usine d'assemblage de Queretaro au Mexique a reçu fin mars 2010 la certification de la FAA concernant la qualité des pièces produites. Les tests sur les matériaux, notamment composites, avancent à grands pas. Le chef du programme, Larry Thimmesh, annonçait au début du mois de mai que la mise en production du jet d'affaires le plus grand et le plus rapide jamais produit par la firme de Witchita aurait lieu au cours de l'année 2010.

Bombardier annonce fièrement à qui veut l'entendre qu'il respecte le planning de développement prévu dans chacun de ses programmes contrairement à ses concurrents Boeing et Airbus.

LA RENTABILITÉ MANQUE A L'APPEL.

Aeroplans - Intérieur du Bombardier CSeriesÀ l'heure actuelle, les programmes innovants développés par la firme montréalaise ne se bousculent pas. Ainsi le CSeries, premier avion de cette envergure produit par l'avionneur, ne compte que trois clients pour un total de 90 appareils fermes.

Le learjet 85 dont le premier vol est lui aussi prévu pour 2013 ne comptabilise lui que 60 appareils en commande.

Bombardier semble souffrir de la morosité du marché puisque les compagnies aériennes traversent pour la plupart de grandes zones de turbulences financières et ne prennent pas le risque de s'engager sur l'achat de nouveaux appareils plus couteux, préférant de loin faire évoluer leurs flottes et rendre leurs appareils plus efficaces.

En revanche, à l'inverse de nombreux autres constructeurs aéronautiques, Bombardier dispose d'une solide capacité financière lui permettant de passer la crise à l'abri des turbulences du marché et de préparer la reprise.

Aeroplans - Affiche COMACMENACE CHINOISE

Ces dernières années, le géant canadien des transports a courtisé les autorités chinoises afin de se faire une place en or sur ce marché émergent. Les besoins en matière de transport aérien et terrestre de l'empire du Milieu sont énormes et le marché qui se dessine de manière plus précise au fil des mois confirme cette tendance. Bombardie,r comme les autres constructeurs, n'a pas l'intention de laisser filer cette opportunité.

En revanche, comme dans tous les échanges de ce type à cette échelle, les industriels sont contraints de transférer tout ou partie de leurs technologies. Ainsi une partie du fuselage du dernier né de la série des turbopropulseurs, le Q400, est produit en Chine. Ce transfert de technologie, imposé par les autorités chinoises sous couvert de la coopération économique entre les deux pays, peut constituer une menace pour la stratégie d'innovation de Bombardier.Aeroplans - Learjet 85

La production des pièces des différents appareils Bombardier en Chine est une fuite de savoir-faire. Bombardier, jouant la carte de l'innovation, ne semble pas vouloir la protéger plus que ça. Dans un souci de rentabilité, les activités de production située au Canada ont été réduites de façon drastique, et les sites de production ont été éparpillés à travers le monde.

Dans le cadre de la construction du Learjet 85, on ne compte pas moins de 40 fournisseurs différents et deux sites de production majeurs situés respectivement à Witchita (USA) et Queretaro (Mexique). La région de Montréal a toujours été le berceau de l'industrie aéronautique canadienne, mais ne semblait pas prête à l'accomplissement de projets de cette envergure.

Bombardier n'aurait-il pas mieux fait de redynamiser cet environnement plutôt que d'éparpiller son savoir ? Seul l'avenir nous le dira. Une chose est sûre, les concurrents de Bombardier semblent déterminés à ne lui laisser aucune marge de manœuvre.

De notre correspondant à Montréal.