Mirage 2000-5 Mk2 en vol © Dassault Aviation - F. RobineauNous vous parlons régulièrement de l’évolution du contrat MMRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft) pour la production de 126 avions de combat au bénéfice de l’Inde.

Si ce contrat revêt une importance stratégique pour le pays, une autre approche commence de plus en plus à se dégager. Par forcément concurrente, elle permettrait à l’Inde de satisfaire à ses impératifs de défense tout en restant pragmatique.

La situation géopolitique de l’Inde et l’étendue de son territoire en font un pays difficile à défendre. Comme nous le disions précédemment, l’arme aérienne est alors cruciale dans le dispositif indien.

 

 

 

Pour conforter sa montée en puissance technologique, New Delhi souhaite acquérir des appareils de quatrième génération. Ces 126 avions deviendraient alors les portes étendards de l’Indian Air Force. Mais en dehors de sa vitrine technologique, l’Inde doit penser à ses capacités aériennes globales. Du coup, les flottes de Mirage 2000 ou de Sukhoï reviennent au devant de la scène.

Aeroplans - Mikoyan-Gurevich MiG-21 © 2010 ServalpeAdieu les MiG-21, et bonjour les Su-30.

Le 26 juin, le comité en charge des questions de la défense auprès du gouvernement a débloqué 2,6 Milliards de dollars de fonds en vue de l'acquisition d'un nouveau lot de 42 chasseurs bombardiers lourds Sukhoï-30MKI d'origine russe, portant le total du nombre d'appareils en commande à 272.

Alors que le MiG-21 était l’appareil russe par excellence dans les forces indiennes, il laisse aujourd’hui la place au chasseur moderne Su-30. De fait, cet avion est en passe de devenir majoritaire dans les effectifs de l’IAF. Une passation de pouvoir logique compte tenu du niveau technologique actuel de l'Inde. Rappelons qu'aux Etats-Unis, le F-35 JSF vise majoritairement à remplacer les F-16 Fighting Falcon.

Au fur et à mesure que le temps s’écoulera et que les livraisons auront lieu, Aeroplans - Sukhoi-30l’appareil russe constituera l’épine dorsale des forces aériennes indiennes. Sa réputation n’est plus à faire et l’avion apporte à l’IAF une force de frappe sans équivalence dans la région. A noter ensuite que pour le contrat MMRCA les Russes proposent un appareil encore plus évolué, le MiG-35.

L’Inde applique une stratégie qui porte de plus en plus ses fruits pour s’assurer une certaine domination de l’espace aérien locale. Il faut dire que le pays s’inscrit dans un contexte difficile. L’Inde doit faire face à deux lignes de front particulièrement étendues. Le Pakistan et la Chine disposent tout deux de moyens de pénétration performants et d’une capacité de frappe nucléaire. Du coup on comprend bien le désir indien de se doter de technologies de pointe (radar EASA, missiles sophistiqués, équipement de guerre électronique, etc.) dans le cadre du MMRCA. Mais on devine aussi que les moyens plus conventionnels ne doivent pas être délaissés.

 

Mirage 2000-5 Mk2 de l'Armée de l'Air française en vol © Dassault Aviation - F. Robineau C’est là tout l’intérêt pour l’Inde de consolider sa flotte de Su-30. Un effectif qui pourra compter sur l’appui de la cinquantaine de Mirage 2000H actuellement en service dans l’IAF. Ceci même alors que les avions de conception française ne sont plus aujourd’hui capables de rivaliser totalement avec les Su-30 russes. Au cours de l’exercice Garuda 2010, les avions indien ont rencontrés des Mirage 2000 français. Une bonne génération sépare les SU-30 des 2000 RDI (nombre d’emport, qualité des capteurs), mais les pilotes français (de 2000-5) assuraient avoir tiré leur épingle du jeu dans les combats « au-delà de la portée visuelle », reconnaissant s’être mesuré pour certains au combat à vue, pour lequel la poussée vectorielle du SU-30, et la portée de son radar qu’ils estiment à « une bonne centaine de nautiques » joue évidemment en leur faveur.

Les Mirage 2000 au centre de la future force aérienne indienne ?

Comme nous le disions, cinquante Mirage 2000H garnissent les rangs de l’IAF. CettePatrouille de quatre Mirage 2000-9 biplace (Emirats Arabes  Unis) © Dassault Aviation - F. Robineau flotte attise les convoitises des industriels français ou encore israéliens. Nous faisions récemment le point sur cette compétition à la fois fratricide entre les industriels français et l’envie israélienne de rafler un gros contrat aux Français.

En jeu, un contrat exclusif qui engagerait les industriels français, menés par Thales et la DGA, pendant quarante ans. Le montant de cet accord est évalué à 1,4 milliard d’euros. Le rétrofit des Mirage 2000H oppose néanmoins Dassault et Thales ce qui a permis à Elbit Systems de rentrer dans la course. Dassault souhaite écouler ses Rafale et, en temps qu’outsider sur le MMRCA tente de faire acquérir par l’Inde les Mirage 2000-9 émiriens et Mirage 2000-5 qataris pour débloquer des contrats Rafale dans ces deux pays.

Au-delà de cette lutte fratricide entre Thales et Dassault qui reste à relativiser puisque Thales détient 37,5% du GIE Rafale, la flotte de 2000 indiens sortira certainement grandie de ces négociations. D’un côté, les Mirage 2000H seraient remis à niveau et viendraient se frotter aux capacités des Su-30. Cette cinquantaine d’appareils seraient alors unAeroplans - Su-30MK © Sukhoi excellent complément pour l’IAF. Cependant, ils auraient certainement plus de poids s’ils étaient épaulés dans l’avenir par les 68 exemplaires émiriens dont une grande majorité de Mirage 2000-9. La version la plus évoluée de la série ne vole actuellement que dans ce pays. Au Qatar, ce sont douze Mirage 2000-5 qui pourraient prendre la direction des cieux indiens. Au total, 130 Mirage 2000 voleraient alors en Inde.

Mais dans ce cas, le rétrofit des Mirage 2000H serait compromis. Une mauvaise nouvelle pour Thales alors que la mise à niveau des flottes de Mirage 2000-5 et Mirage 2000D de l'armée de l'Air française parait de plus en plus compromise. Elle représente 700 millions d'euros et semble être une opportunité pour le ministère de la défense de faire des économies. Cette opération serait pour le moment simplement menacée ou déplacée. Mais pour trouver 4,5 milliards d’euros, le ministère français de la Défense pourrait purement et simplement l’annuler.

 

Au-delà du MMRCA, la coopération russe sur le PAK FA.

La stratégie indienne dans les avions de chasse joue réellement sur beaucoup de tableaux. Grâce à ses appareils russes en service ou en commande et éventuellement à une flotte de Mirage 2000 renforcée, l’Inde aligne des moyens réalistes face aux menaces qui s’offrent à elle. Avec le MMRCA, New Delhi cherche à établir sa domination technologique grâce à des appareils de quatrième génération. Reste à savoir quel avion sera le grand gagnant de ce contrat géant.Aeroplans - Sukhoi PAK FA

Enfin, les Indiens préparent déjà l’avenir grâce à leur participation au programme russe pour un avion de cinquième génération, le PAK FA. Nous avons régulièrement abordé la question mais la mise en perspective reste intéressante. Le pays assure à la fois ses acquis tout en préparant son avenir proche comme lointain. Alors que le pays prépare ses premières percées dans le domaine des drones, les Indiens apprennent vite et peuvent se vanter d’un système économique mieux maitrisé que celui de leur concurrent chinois. Du point de vue de l’industrie aéronautique et de défense européenne, cette montée en puissance doit être abordée avec le plus grand sérieux. Ceci alors que les différences culturelles sont par exemple encore importantes qu’en Chine. Une précaution qui permettra peut-être de ne pas répéter les erreurs encore en-cours chez le voisin chinois.

 

Retrouvez le début de ce feuilleton avec "L'arme aérienne indienne continue sa montée en puissance."