Aeroplans - Dassault RafaleAlors que Brasília devait annoncer le vainqueur d’un des plus gros appels d’offres du moment début 2010, les tensions qui animent les relations entre le Président Lula et ses militaires remettent en cause la préférence pour le Rafale qu'avait annoncée Nicolas Sarkozy. Si l’on ajoute à cela la campagne présidentielle à venir au Brésil, on ne sait toujours pas si l’avion de Dassault va pouvoir décrocher ce contrat de plusieurs milliards de dollars.

Si le président Lula prenait effectivement l’initiative d’ouvrir le débat devant le Congrès de son pays tel qu’il l’a annoncé mi-janvier, le choix pourrait alors prendre beaucoup de retard et même ne pas concerner M. Lula, qui finira son mandat le 31 décembre. La polémique fait donc rage dans ce pays, et le partenariat stratégique entre la France et le Brésil sur les problématiques de Défense pourrait bien ne pas concerner l’appareil français.

 

Aeroplans - Saab JAS-39 Gripen

On se souvient des « fuites » ayant accompagné la remise du rapport d’évaluation confidentiel de l’armée de l’air brésilienne (FAB). Dans ce rapport, on découvrait que la FAB préconisait l’utilisation du Gripen NG, l’avion du fabricant Saab plutôt que le Rafale et le F/A-18 de Boeing. Ceci alors que l’avion n’existe pas encore en dehors des bureaux d’études. De son côté, le Rafale est en service dans la Marine Nationale depuis 2004, et dans l’Armée de l’Air depuis 2006. Le Rafale a déjà été engagé dans des missions opérationnelles effectuées à partir du porte-avions Charles de Gaulle et en Afghanistan. Cependant, le président Lula avait bien fait comprendre à ses militaires que ces fuites étaient inacceptables et que toute manœuvre de la part de ces derniers se heurterait à sa préférence pour le Rafale.

Le Président brésilien se trouve aujourd’hui dans une situation plus délicate. Arrivé quasiment à la fin de son mandat, certains politiciens locaux annoncent déjà un certain camouflé et un passage de flambeau au prochain Gouvernement. Une telle fuite de responsabilités serait alors mal venue pour le camp français. Ayant misé sur cet homme de principe et au fort caractère, on veut encore y croire. Surtout que l’opposition politique se dit déjà assez réticente pour l’achat de cet avion moitié plus cher que le Gripen NG mais aux possibilités bien plus grandes. Selon eux, l’appel d’offres aurait été mené de manière brouillonne par le gouvernement en place.

Aeroplans - F/A-18 Blue AngelsEn dehors de cela, Luiz Inácio Lula da Silva et son armée entretiennent des rapports de plus en plus tendus. En plus de ce désaccord en vue du renouvellement de la flotte de la FAB, l’ouverture d’une enquête sur les crimes de la dictature militaire (1964-1985) n’arrange rien. Une décision politique difficile pour le Président alors que la loi d’amnistie est toujours en vigueur. Reste que cette dernière question n’a pas manqué de rendre le dialogue encore plus difficile entre le chef de l’armée brésilienne et ses hommes. Des militaires ayant reçu le soutien du Ministre de la Défense Nelson Jobim après avoir menacé de démissionner.

Reste que les dernières paroles du ministre des Affaires étrangères Celso Amorim sont encourageantes pour le Rafale. Pour ce dernier, la décision reste politique. Le Président prendra alors la décision en accord avec son Conseil de Défense concernant l'élargissement ou non du débat au Congrès. Même s’il prenait en compte le rapport technique de la FAB, il pourrait très bien confirmer son option pour 36 Rafale. N’oublions pas que le Conseil de Défense du Président reste bien axé sur le partenariat stratégique liant la France et le Brésil.

Michael Colaone.

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