Aeroplans - A400MAlors que Louis Gallois, PDG d'EADS, annonce que le groupe a effectivement fait des erreurs en négociant le contrat initial pour la production de l'avion de transport militaire européen A400M, un délai de réflexion de 6 mois vient d'être décidé par les gouvernements français et allemand, principaux clients d'Airbus. Le développement de l'appareil subit actuellement d'importants retards (entre 3 et 4 ans essentiellement à cause du logiciel de régulation des turboréacteurs) et les pays clients commencent tout simplement à s'impatienter. Il faut dire que les flottes en service subissent de plus en plus les aléas du temps et les capacités notamment de la France commencent à en souffrir.

 


Le premier moratoire accordé à EADS arrive donc à son terme ce 30 juin et la réunion prévue à Séville entre les ministres des différents pays clients s'annonce moins palpitante que prévue. En effet, si la réunion a bien lieu fin juillet le groupe aéronautique européen s'est déjà vu accorder une rallonge de six mois de manière à mieux évaluer le calendrier de livraison de l'avion. Les clients de l'A400M, l'Allemagne, l'Espagne, la France, le Royaume-Uni, la Turquie, la Belgique et le Luxembourg ont donc décidé de calmer le jeu face à l'avionneur.

Aeroplans - A330MRTT tankerA ceci près que le Royaume-Uni, actuellement en pleine tempête politique, pourrait jouer les troubles fêtes. On avait senti la pression monter peu à peu entre les différentes parties, notamment compte tenu de l'état de certaines flottes de transport militaire. Tous semblent aujourd'hui d'accord sur le fait que l'avion est une priorité pour l'Europe. Nous devons tous faire face ensemble, même si cela implique de trouver des solutions alternatives en attendant la mise en service de l'Airbus.

La France semble jouer un rôle majeur dans le maintien des négociations. Le ministre de la Défense, M. Morin, déploie beaucoup d'efforts pour rassembler les protagonistes du projet. Le ministère semble avoir pris en compte toute l'importance d'un tel projet pour l'Europe et ses retombées pour l'industrie française. Des solutions alternatives sont toutefois envisagées pour maintenir les capacités françaises.

Cela va de l'achat ou de la location de C130J à l'utilisation d'appareils espagnols Casa ou d'A330 MRTT en passant par le renforcement de la participation française au programme « Salis » pour l'utilisation d'Antonov 124 ukrainiens. L'alternative la plus probable serait certainement la location de C-17 car plus rapide et plus rentable. Il faut dire que les avions franco-allemands Transall C160 arrivent en fin de course et même la rénovation de dix de ces derniers serait une solution de fortune.

Aeroplans - C130J
Aujourd'hui, l'annulation du programme semble peu probable. Les besoins politiques et des forces armées rendent le projet inévitable. On ne peut que se réjouir de la réalisation du programme A400M même s'il fut et sera certainement encore chahuté et que la concurrence s'organise. Il reste le symbole d'une industrie de défense européenne qui cherche à avancer. EADS peut, depuis l'an dernier, se vanter d'être le premier groupe mondial dans ce domaine en termes de chiffre d'affaire. Si comme souvent en Europe le projet accouche dans la douleur, on espère que les Européens continueront de se rapprocher sur ce marché très concentré, et si possible éviteront de créer leur propre concurrence comme c'est le cas pour les avions de combat : Eurofighter, Rafale et JAS-39 Gripen, tous les trois européens.