Aéroplans : Premier vol du PAK-FA de Soukhoï.Nous sommes le vendredi 29 janvier et la Russie donne un signal fort au reste du monde. Avec l'envol du premier démonstrateur de son chasseur de cinquième génération, Soukhoï, et donc Moscou, donnent un sens aux affirmations faites depuis des mois sur la survie des programmes aéronautiques russes.

Premier d'une série de trois appareils qui devraient être mis en service cette année (l'un comme banc d'essais statiques, l'autre devrait également voler), le PAK-FA Soukhoï T-50 qui s'est envolé pendant 47 minutes vendredi est l'emblème d'une révolution aéronautique russe qui ne souhaite pas laisser le monde des chasseurs de cinquième génération aux Américains et à leur F/A-35.

 

 

On remarque souvent que les Etats-Unis essayent d'enterrer la concurrence étrangère, et notamment française, grâce à celui-ci. Si, jusqu'à présent, on pouvait craindre le pire avec un scénario digne du F/A-16, les Russes ne semblent pas résignés à laisser le champ libre aux Américains. Le premier vol du T-50 donne en tout cas cette impression, et un porte-parole de Soukhoï affiche déjà sa satisfaction : "L'avion s'est très bien comporté. Il a répondu à toutes les attentes que nous avions pour ce premier vol. Cette première fut un succès".

Aéroplans : Premier vol du PAK-FA de Soukhoï.Dans tous les cas, le vol inaugural du T-50 marque une étape importante pour Soukhoï, puisque c'est le premier avion russe à être entièrement développé depuis l'époque soviétique. Alors que MiG et celui qui est aujourd'hui devenu l'avionneur officiel de Moscou se basaient toujours sur d'anciennes technologies soviétiques, ce nouveau chasseur inaugure un renouveau et affirme que le niveau technologique russe est toujours à la pointe.

Ne pas se laisser distancer par les Etats-Unis et continuer de développer une industrie aéronautique de pointe. Voici les grandes lignes que se sont fixés les Russes depuis les années Poutine, puis avec l'arrivée au pouvoir de Dmitri Medvedev. Ainsi, l'envolée du futur chasseur omnirôles de prochaine génération répond à cette attente. Après avoir effectué fin décembre 2009 ses premier essais de roulage sur l'aérodrome de Komsomolsk-sur-Amour, l'avion passe dans une nouvelle phase de son développement. On n'a pas encore beaucoup de détails sur l'appareil, si tant est que ce premier prototype baptisé T-50-KNS (Kompleksnyi Naturnui Stend, cellule grandeur nature) serait doté d'une variante du réacteur équipant les Su-35. Il devrait utiliser la poussée vectorielle, autorisant par exemple des décollages plus courts.

 

Aéroplans : Premier vol du PAK-FA de Soukhoï.C'est un véritable tour de force que les Russes sont en train de faire. Alors que le F/A-35 est développé principalement par les Etats-Unis, ils reçoivent une aide internationale de la part de leurs futurs clients. Du côté russe il n'en est rien, puisque l'appareil n'a pour le moment qu'un seul client connu. Rappelons tout de même qu'initialement, cet avion est issu d'une collaboration avec l'Inde. Si le développement semble commun, les appareils livrés par Soukhoï seront différents de ceux livrés par l'indien HAL. Ceci notamment car les Russes souhaitent une version monopilote alors que les Indiens souhaitent un appareil biplace.

Pour son développement, le T-50 compte sur l'indien HAL pour s'occuper des logiciels critiques, les ordinateurs de missions, les systèmes de navigation et une grande partie de l'affichage du cockpit ainsi que des contre-mesures électroniques (CMD). De son côté, la Russie développe l'ensemble des systèmes de l'avion, motorisation, armement, l'hydraulique l'ensemble des systèmes de vols et de communication, sans oublier le fameux radar Ch121 (Ш121) à antenne active, développé par le NIIP (le premier prototype qui a volé aujourd'hui n'en était pas équipé).

Pour l'Inde aussi, ce projet marque sans plus de détails son entrée dans la production de grands projets aéronautique de pointe. Nul doute que cette nouvelle révolution qui se prépare aura des conséquences en Europe.

Aéroplans : Premier vol du PAK-FA de Soukhoï.Les appareils développés pour l'armée russe en version de base devraient être livrés dans cinq à sept ans. Une version plus élaborée arriverait, elle, vers 2020. La dénomination T-50 étant bien évidement temporaire, on ne connait pas encore le nom que portera l'appareil. L'appareil qui est lui aussi destiné aux marchés export semble avoir beaucoup d'opportunités devant lui. Ceci malgré la contre-offensive américaine sur des marchés pourtant alliés des Russes. On pense notamment aux récents efforts en Algérie. Après avoir acheté en Europe et principalement au Royaume-Uni, les Algériens se tourneraient de plus en plus vers Washington pour l'achat de matériel militaire au lieu de se rendre à Moscou comme avant.

Du côté européen c'est le calme plat. Alors que, comme les Etats-Unis, on pourrait réfléchir en groupe à une future génération d'appareils de combat, la première pierre n'a même pas encore été jetée. La France semble capitaliser sur l'avance indéniable mais pourtant temporaire de son Rafale. Malgré la bonne tenue de l'appareil notamment face au F/A-22 Raptor, le F/A-35 sera une autre paire de manche. L'Eurofighter, quand à lui, ne pourra a priori pas faire illusion face à l'appareil américain, ni face au T-50.

Michael Colaone et Nicolas Pillet.

 

Aéroplans : Premier vol du PAK-FA de Soukhoï.

Aéroplans : Premier vol du PAK-FA de Soukhoï.