Aeroplans - mq-1 PredatorRégulièrement, nous entendons parler dans la presse des frappes américaines menées par des drones Predator au Pakistan et, de plus en plus, au Yémen. Ces frappes ont officiellement débuté en 2001, lors de l'invasion américaine de l'Afghanistan, afin d'éliminer les dirigeants d'al-Qaïda présents dans la région frontalière avec le Pakistan.

Néanmoins, on observe une intensification de ces frappes depuis l'intronisation de Barack Obama à la Maison Blanche. En effet, celui-ci a décidé d'étendre le conflit afghan aux zones tribales pakistanaises, où se situeraient les bases arrières d'al-Qaïda et des Talibans, d'où la fameuse expression "Af-Pak ". L'extension du conflit se fait au moyen d'actions clandestines menées par les forces spéciales et la CIA, ainsi que par des frappes aériennes menées par les drones, dirigées également par la CIA depuis des centres de contrôle situés aux États-Unis. Nous allons donc nous pencher sur ces drones, qui prennent une place de plus en plus importante au sein du budget militaire US.

 

 

L'arsenal américain comporte de nos jours plusieurs milliers de drones, allant des petits modèles RQ-11 Reaven lancés à la main jusqu'au RQ-4 Global Hawk de reconnaissance stratégique, en passant par les fameux R/MQ-1 Predator, les vecteurs des frappes dans les zones tribales. Dans la nomenclature américaine, les initiales Q, R et M signifient respectivement "drone", "reconnaissance" et "armé". De même, on peut différencier plusieurs types de drones, notamment les mini-drones lancés à la main servant à voir "derrière la colline" , les drones tactiques TUAV (Tactial Unmanned Air Vehicle), mis en œuvre au plus près de la zone de combat, comme les Spewer français, les MALE (Medium Altitude - Long Endurance) auxquels appartient le Predator ou le Harfang franco-israélien et enfin les imposants HALE (High Altitude - Long Endurance) servant à la reconnaissance stratégique.Aeroplans - Predator

De nouveaux types de drones commencent à arriver sur le marché. C'est le cas des UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle), dont la version armée du Predator fut le précurseur. Ces drones seront pour la plupart dotés de fortes capacités de pénétration en milieu hostile, comme une faible surface équivalente radar, ou encore des moyens de guerre électronique très développés, ainsi qu'une soute à armement permettant de pénétrer en premier dans l'espace aérien ennemi en cas de conflit de haute intensité afin de supprimer les défenses aériennes. Là encore les Américains furent les premiers à tester ce genre d'appareils, disposant d'une avance technologique considérable dans le domaine de la furtivité, acquise grâce aux B-2 et F-117.

L'engouement américain, et même mondial, pour les drones a de multiples raisons, à commencer par le fait qu'ils sont par définitions pilotés à distance. En effet, les pertes humaines sont de moins en moins acceptées par l'opinion publique occidentale, adepte du concept "zéro-morts " mis en valeur pendant la première guerre du Golfe, mais surtout la guerre du Kosovo en 1999. La capture d'un pilote dont l'avion a été abattu par la défense aérienne ennemi peut se révéler désastreuse si l'ennemi s'en sert à des fins de propagandes. Les drones permettent d'outrepasser cet inconvénient, et ainsi de survoler de nombreuses zones sans prendre de risques humains (mais il faut toujours prendre en compte les risques diplomatiques). De même, l'absence de pilote au sein de l'appareil permet une permanence sur zone bien plus importante, pouvant dépasser les vingt ou trente heures, là où un avion piloté ne pourrait tenir qu'une dizaine d'heure.

C'est pour ces raisons que les États-Unis ont tant investi dans les drones, car ils leur permettent de jouer pleinement leur rôle de gendarme du monde du fait de la possibilité d'une permanence sur de nombreux théâtres d'opérations au travers du monde, dont voici quelques exemples. Le plus connu est, comme nous l'avons dit précédemment, l'Af-Pak, où les drones américains effectuent quasi-quotidiennement des frappes, dites ciblées, dans les zones tribales.

Aeroplans - UAV1Ces attaques ont permis l'élimination de certains hauts-responsables d'al-Qaïda et des Talibans, la plus notoire fut celle de Baïtullah Mehsud, l'un des plus puissants chefs des Talibans pakistanais, tué en août 2009 au Sud-Waziristan. Bien que ces frappes soient l'un des moyens privilégiés de la nouvelle Administration américaine, du fait justement de leur caractère ciblé, il ne faut pas oublier qu'elles font de nombreuses victimes, principalement civiles. Ainsi, selon certaines sources, le nombre d'attaque au moyen de drones depuis août 2008 est évalué à plus 70, faisant plus de 600 victimes, principalement civiles. Pour donner un exemple, Baïtullah Mehsud aurait été la cible d'une quinzaine de missiles durant l'année 2009, tuant entre deux-cents et trois-cents civils, selon la New American Foundation, un Think Tank américain.

Les drones américains furent également l'objet de nombreuses critiques lorsqu'il fut découvert que les communications entre les drones et les centres de contrôles n'étaient pas cryptées, permettant ainsi aux combattant afghans et pakistanais de pirater les données issues des capteurs des drones, le tout pour 26$, grâce à un simple logiciel russe nommé Skygrabber qui permet d'intercepter les flux de données satellites non cryptés. Or justement les drones américains tels que les Predator sont contrôlés via une liaison satellite non-cryptée depuis les États-Unis, rendant l'interception des données des plus simples, nécessitant simplement une petite parabole et un ordinateur portable.Aeroplans - Global Hawk

Ce problème ne touche pas seulement les drones mais aussi toutes les communications entre les aéronefs et les troupes au sol via la liaison ROVER (Remotely Operated Video Enhanced Receiver), qui permet l'échange d'images. Cette faille fut mise à jour en décembre 2009 lorsque les forces américaines ont trouvé des images en provenance des drones américains sur l'ordinateur portable d'un insurgé irakien, ce qui a légitimement fait scandale aux États-Unis. Bien que des crashs programmes aient été lancés, les responsables du Pentagone ne prévoient pas une mise en service de liaisons cryptées avant 2014, et ce rétrofit ne toucherait pas l'ensemble de la flotte. De quoi laisser de beaux jours aux piratages de données par les insurgés, leur permettant de mieux appréhender les tactiques mises en œuvre par les forces occidentales...

Récemment trois drones américains MQ-9 Reaper, une évolution du Predator, ont investi un nouveau théâtre d'opération très médiatisé l'an dernier, les côtes africaines de l'océan indien, où sévissent les fameux pirates somaliens. Bien que les initiales MQ indiquent qu'il s'agit de drones pouvant être armés, cette capacité ne sera pas utilisée (pour l'instant), les drones restant cantonnés à des missions de surveillance. En effet, comme expliqué précédemment, ces drones disposent d'une capacité à rester sur zone durant de longues heures, permettant de couvrir des surfaces très importantes. Ils auront pour tâche la surveillance de l'océan indien, la prise de photos de bateaux suspects ainsi que repérer d'éventuelles bases permanentes ou provisoires sur les îles des Seychelles.

Aeroplans - RQ-170 SentinelCe genre de missions de surveillance maritime est aussi mené dans le golfe du Mexique et au large de la Floride afin de lutter contre le trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et les États-Unis au moyen d'embarcations rapides.

Enfin, nous pouvons aborder rapidement la découverte d'un drone furtif nommé RQ-170 Sentinel opérant depuis l'été 2007 depuis l'aéroport de Kandahar au sud de l'Afghanistan. L'USAF n'en a confirmé que très récemment l'existence, après la publication par le blog Secret Défense d'une photo de bonne qualité de ce drone au roulage sur le taxiway de l'aéroport. Bien que peu d'informations soient disponibles sur ce drone développé par Lockheed Martin, on peut supposer qu'il est destiné à la reconnaissance (d'où l'initial "R") des pays alentours, puisque l'aspect furtif est totalement inutile au dessus de l'Afghanistan, les insurgés ne disposant pas de radars.

Les pays les plus susceptibles d'être survolés par cet appareil sont le Pakistan mais surtout l'Iran, puisqu'un bras de fer a lieu actuellement entre ce pays et les gouvernements occidentaux. Le Sentinel aurait alors pour mission de recueillir le maximum d'informations sur les capacités militaires iraniennes ainsi que sur les défenses anti-aériennes en interceptant les signaux émis par les radars et conduites de tir afin de pouvoir les brouiller en cas de conflit avec Téhéran.