Quelques sujets d’inquiétude quant à l’avenir de la division aviation d’affaires de Dassault Aviation n’échappaient à personne. Après avoir subi de plein fouet la forte hausse des prix du pétrole suivie de la crise économique dans laquelle nous sommes toujours empêtrés, la vision du futur des Falcon n’était pas idyllique. Pourtant, malgré les prédictions les plus pessimistes Dassault n’a jamais autant produit de ces avions et la stratégie du groupe dans le monde prend une tournure un peu plus agressive.

En 2007, Dassault aura produit 77 avions d’affaires Falcon. Record battu pour l’avionneur français qui rêvait encore de son précédent nombre de 75 exemplaires livrés en 2001. Cependant, c’est un peu moins que l’objectif que s’était fixé le groupe pour cette année. En juillet 2009, la cible de 80 appareils était à l’ordre du jour.

Malgré cela, il est appréciable de voir que l’aviation d’affaires française se porte mieux que prévu. Avec moins d’annulations de commandes que ce que l’on craignait, le volume de production aura su rester croissant. Même ci Dassault aurait sûrement voulu pouvoir continuer à engranger un maximum de bénéfices notamment pour supporter les coûts de développement du Falcon 7X et le manque de débouchées commerciales pour le Rafale, cet « équilibre » permet d’entrevoir l’avenir avec un minimum de sérénité.

Cet optimisme observé lors du dernier comité central de l’entreprise favorise l’avenir. Une situation jugée plus stable par l’avionneur qui allège du coup ses mesures de chômage partiel. Ainsi, sur quatre sites touchés, deux reprendront un rythme normal et les deux autres remonteront en cadence d’ici mars. Le risque d’annulations de commandes a donc été surévalué et même un nombre croissant de queues blanches, soit des avions sans propriétaire ont été vendus. C’est donc la production réelle qui se stabilise supportée par un marché de l’occasion qui repart tout doucement à la hausse. Les résultats commerciaux et financiers qui seront annoncés le 18 mars prochain pourraient toutefois être les troisièmes plus gros de l’histoire de Dassault. Cependant, la situation reste potentiellement explosive puisque le client principal de Dassault, le loueur américain Netjet est en train d’étudier ses perspectives vis-à-vis de ses commandes.

Même si la reprise du marché des jets d’affaires se fait attendre, Dassault peut encore compter sur une stratégie commerciale qui s’étend notamment sur les pays au fort potentiel désirant une meilleure connexion avec les centres d’affaires mondiaux. Si l’argent est le nerf de la guerre, on oublie parfois que la vente reste le meilleur moyen d’en obtenir. Pour cela, Dassault Aviation a su se développer sur le marché américain quand il était encore en pleine expansion. Aujourd’hui, le monde entier attend avec envie la montée en puissance des marchés chinois et indien annoncés comme gigantesques. En Chine, les Falcon sont déjà en position puisque le 100ème Falcon 900EX EASy a été remis à son propriétaire chinois fin d’année dernière. Le cockpit EASy est d’ailleurs l’un des plus abouti de sa génération. Conçu à partir de la plateforme Primus Epic d'Honeywell, l'interface homme-machine est sans aucun doute la plus avancée du marché en termes de coordination du travail en équipage et de perception de la situation par les pilotes. Comme pour enfoncer le clou, Dassault annonce déjà une nouvelle version, EASy II, qui comportera de nouvelles fonctionnalités.

En Inde, où le marché est un peu plus jeune, le Falcon 7X, nouveau fleuron de la gamme a été certifié au mois de novembre dernier par la direction générale de l’aviation civile indienne. Une étape de plus qui confirme les ambitions du groupe français déjà présent à New Delhi et à Bombay. Le marché indien est jugé comme très prometteur et de plus en plus dynamique par Dassault. Un premier exemplaire du Falcon 7X sera d’ailleurs bientôt visible dans le pays dont la clientèle reconnait déjà les qualités de la gamme Falcon. Son propriétaire, Religare Voyages devrait en prendre possession ce mois-ci. Autrement, une douzaine de Falcon 2000 et 900 sont déjà en service en Inde et une douzaine d’autres sont en commande. Le prix de vente catalogue du Falcon 7X avoisine les 50 millions de dollars.

Michael Colaone.