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Présenté officiellement en janvier 2012, le nEUROn, démonstrateur technologique européen d’avion de combat furtif, a effectué son premier vol samedi 1er décembre. Le drone a décollé depuis la base d’essais en vols d’Istres, le maître d’œuvre de ce programme, pour un vol de 25 minutes au dessus du delta du Rhône. Ce vol a été réalisé en collaboration avec les équipes Essais en vol de la DGA.

 

 

 

Le nEUROn, un projet aéronautique européen  

Comme son nom l’indique, le nEUROn est un projet européen. En 2003, lors du salon du Bourget, et prenant acte des défis à venir pour l’industrie européen des avions de combat, le Ministre de la Défense lance le programme. Au-delà du développement de la plateforme et de ses technologies, il permettra notamment le maintien des bureaux d’études européens et le développement de « technologies stratégiques ». 

La DGA agit comme point unique de décision, et Dassault Aviation est chargé de la maîtrise d’ouvrage. La DGA a fédéré certains de ses partenaires européens autour de ce projet. Celui-ci a coûté 406 millions d’euros, supportés pour moitié par la France, et a impliqué plus de 300 personnes, selon le Directeur Général Technique de Dassault Aviation, M. Gondoin.

Dassault Aviation a partagé la moitié de la charge de travail avec le suédois Saab (qui fournit le fuselage principal), le grec HAI (fuselage arrière et tuyère), EADS-CASA (les voilures), l’italien Alena (les trappes de soute), et le suisse RUAG (interface armement). Dassault Aviation est responsable, entre-autres, de l’architecture du système (incluant la furtivité de la plateforme), des commandes en vol, et a réalisé l’assemblage final à Istres. 

Les prochaines étapes : vers un avion de combat non piloté et autonome?  

neuron piste envolLe démonstrateur nEUROn devra valider certains objectifs. Dassault Aviation mentionne parmi les scénarios une mission subsonique air-sol, l’insertion dans l’espace aérien, d’un polygone d’essais, le tir d’un armement air-sol à partir d’une soute interne, après désignation de l’objectif. 

Les essais devraient se poursuivre en France jusqu’à 2014. Puis le nEUROn se rendra en Suède, puis en Italie notamment pour des essais de largage d’armement et des mesures de furtivité. 

Il est encore bien trop tôt pour remplacer les avions de combat par des drones entièrement autonomes. Techniquement, certains démonstrateurs sont en phase de démontrer des performances jusque là inédites. Ainsi, Northrop Grumman, la DARPA et la NASA, progressent dans le projet de ravitaillement en vol inter-UAV. En octobre 2012, l’équipe est parvenue à faire évoluer dans le ciel deux Global Hawk de la NASA simultanément, dont l’un équipé d’une perche de ravitaillement

Par ailleurs, le drone de combat X-47B, récemment embarqué sur un porte-avion américain, devra démontrer des capacités de décollage et d’atterrissage en autonomie. Le 29 novembre, le drone a subi un premier test de décollage avec catapulte au sol

L’opinion publique se porte toutefois quasi uniquement sur l’autonomie d’un drone à utiliser les armements. Aujourd’hui, la décision de tirer et éventuellement d’annuler le tir reste pour l’instant du ressort d’un opérateur, en ce qui concerne les drones actuellement en opération (exemple avec le Reaper américain en opérations). 

Toutefois les réflexions, plus ou moins bien argumentées, vont bon train. 

Un récent rapport de deux ONG s’interroge sur les « robots tueurs » et leurs rapports au droit international. Le rapport pointe le vide juridique que créerait l’utilisation d’armes complètement autonomes. 

L’intégration de ces drones dans un espace aérien ségrégué, les questions de règlementation, de certification, de la définition des domaines d’emploi notamment, font également partie de recherches variées.

En France, d’après le Général Mercier, sur le plan opérationnel, à l’horizon 2030, « se pose la question des rôles respectifs qui seront assignés aux avions de combat et aux drones armés ». Il estime toutefois que « le créneau exact d’emploi des drones armés n’est pas encore bien défini. On s’oriente probablement vers une orientation mixte pilotée et non pilotée ». 

Et déjà les jalons d’un projet de démonstrateur franco-britannique

Le Traité de Lancaster House signé entre la France et du Royaume-Uni en novembre 2010 prévoyait entre autres une coopération sur les projets de drones. En février 2012, après que Dassault Aviation et BAe Systems aient déjà proposé des projets communs aux deux gouvernements, les Ministres de la défense publient une déclaration conjointe relatant l’intention commune d’établir une coopération s’étendant sur l’ensemble du spectre, y compris les drones de combat armés. 

Suite au changement de gouvernement français, il a fallu attendre juillet 2012 pour qu’un contrat entre Paris et Londres soit effectivement notifié. Attribué à BAe Systems  et Dassault Aviation, le contrat d’étude de 13 millions d’euros vise à lancer les travaux du système de combat aérien du futur (SCAF), et contient notamment une analyse des besoins opérationnels de la France et du Royaume-Uni ainsi que la définition préliminaire d’une réponse commune à ce besoin. Cette phase de préparation doit s’achever en mai 2014. Ainsi, le DEMON sera le fils technologique du nEUROn de Dassault Aviation et du Taranis de BAe Systems. Ces deux démonstrateurs continueront à être développés durant ce programme d’étude. 

D’autres pays et industriels pourraient se joindre au projet. Quoique…Officiellement, la porte n’est pas fermée, note Eric Trappier, Directeur Général international de Dassault Aviation. Ce dernier ne voit même « pas de problème à ce qu’EADS rallie l’équipe. Le problème, c’est d’associer EADS dans une coopération franco-britannique ».{jcomments on}