Aeroplans - Drone HeronDepuis quelques années, la Turquie, qui avait auparavant une attitude plutôt discrète, semble de plus en plus présente sur la scène internationale.

En effet, l'AKP, le parti actuellement au pouvoir, paraît décidé à placer la Turquie à la tête des pays du Moyen-Orient ainsi que parmi les pays les plus influents au niveau mondial.

Ce changement de politique s'est traduit par une ingérence plus poussée dans les dossiers « brûlants » tels que celui du nucléaire iranien, pour lequel Ankara s'est associé à Brasilia pour proposer une alternative diplomatique au groupe des « 5 + 1 » (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) ou encore celui du conflit israélo-palestinien.

 

 

 

 

Aeroplans - Flotille de la paix pour Gaza

Les prises de position du gouvernement mené par Recep Tayyip Erdoğan quant à ce dernier ont subi un virage à 180° depuis la guerre qui opposa les Israéliens au gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza début 2009. En effet, les Trucs furent très touchés par les images en provenance de la bande de Gaza, ce qui entraîna des protestations officielles de la part du gouvernement, alors qu'auparavant Ankara, qui était le plus proche allié d'Israël dans la région, se gardait bien de critiquer la politique de ce pays. S'en suivit depuis ce conflit une dégradation progressive des relations bilatérales, qui culmina avec le récent assaut par les forces spéciales israéliennes de la « flottille de la paix » qui tentait de briser le blocus naval de Gaza sous parrainage turc. Suite à ce tragique événement qui entraîna la mort de neuf passagers, tous Turcs, l'ambassadeur de ce pays en Israël fut rappeler et il fut décidé de rompre graduellement toutes relations diplomatiques, économiques et militaires.

Or, du fait Aeroplans - F-4 Phantom israéliensde l'intensité des liens qui unissaient les deux pays, ces relations étaient toutes particulièrement poussées. Dans le domaine militaire, Ankara et Tel-Aviv étaient liées par une alliance stratégique depuis 1996, cela se traduisant par exemple par des exercices bilatéraux fréquents en territoire turc, qui était par ailleurs mis à disposition de l'armée de l'air israélienne afin de mener des simulations de raids longue distance, le territoire de l'Etat hébreux manquant de profondeur stratégique, tandis que les pilotes de F-16 trucs se déplaçaient régulièrement en Israël.

Désormais, il est interdit à tout avion de Tsahal de survoler l'espace aérien truc, entraînant des complications pour l'entraînement des pilotes, mais aussi en cas de conflit avec l'Iran, la voie d'accès vers ce pays jusque-là considérée comme la plus sûre passant justement par la Turquie.

Dans le domaine économico-militaire, la rupture des relations bilatérales risque également d'avoir d'importantes conséquences. En effet, il existait de nombreux accords de coopération entre les principaux industriels Aeroplans - M-60 Turcsde l'armement des deux pays. Les groupes israéliens tels que IAI, Elbit ou IMI avaient notamment la charge de la modernisation des avions de combat F-4 Phantom ou encore des chars M-60 de l'armée turque.

Cependant, le contrat le plus en vue ces derniers temps était celui des dix drones Heron commandés en 2005 par la Turquie auprès d'IAI. Celui-ci aura connu, et risque d'en connaître encore, de nombreux retards et déboires aussi bien techniques que diplomatiques. En effet, la Turquie a plusieurs fois menacé de rompre le contrat de 185M$ mais elle finit par se raviser et six appareils furent livrés en début d'année sur la base de Batman, près de la frontière irakienne. Bien que les UAVs soient désormais considérés comme techniquement opérationnels, la formation des pilotes et techniciens turcs devait se poursuivre encore pour quelques temps.

Aeroplans - Drone Heron

Or, suite à la dégradation des liens entre Ankara et Tel-Aviv, IAI a récemment décidé de rappeler tout son personnel présent en Turquie pour des raisons de sécurité, laissant ainsi les militaires turcs dans une situation embarrassante. De plus, cela crée un réel problème opérationnel pour ces derniers qui souhaitent se servir pleinement des avantages des drones, en termes de permanence sur le théâtre d'opération notamment, dans leur lutte contre les rebelles kurdes du PKK actuellement réfugiés au Kurdistan irakien. Néanmoins, IAI a déclaré dans un communiqué qu'elle comptait bien revenir pour finir la formation des équipes turcs une fois le gros de la crise passé, et donc honorer son contrat, en fournissant également les quatre Heron restants.

Aeroplans - Drone Heron

 

Ainsi, il semblerait que les liens entre Israël et la Turquie, dans le domaine économique tout du moins, ne soient pas nécessairement destinés à être totalement rompus. Il ne serait pas dans l'intérêt des deux pays de cesser toute coopération. La Turquie représente en effet un marché important pour les industriels israéliens, au travers de nombreuses modernisations de systèmes existants ainsi que d'achats de systèmes technologiques avancés tels que les drones, tandis qu'Israël se révèle être un partenaire important pour les industriels turcs en quête de transferts de technologies. De plus, afin de maintenir leurs collaborations, les industriels et militaires israéliens miseraient sur les rivalités opposant le pouvoir politique turc à l'establishment militaire, très puissant dans ce pays, qui verrait d'un mauvais œil la nouvelle politique de l'AKP tournée vers les pays arabes au dépend de la relation privilégiée avec Israël.

 

Reste que si la situation actuelle devait perdurer, il faudrait à l'armée et à l'industrie de l'armement truques de se passer de l'aide de leurs confrères israéliens. C'est pourquoi nous verrons dans un prochain article comment les industriels tels que TAI (Turkish Aerospace Industries) tendent à développer continuellement leur savoir-faire, dans le but de devenir non seulement indépendants mais aussi compétitifs et ainsi prendre place parmi les plus grands groupes mondiaux de l'armement au travers de multiples collaborations.