Aeroplans - Décollage d'Ariane 5 ECA Crédits ArianespaceEn bref - Le lanceur lourd européen a une fois de plus accompli sa mission vendredi soir  en plaçant sur orbite de transfert géostationnaire deux satellites de télécommunication, ST-2 pour le compte de l’opérateur ST-2 Satellite Ventures Pte Ltd ainsi que le satellite de l’agence spatiale indienne (ISRO) GSAT-8. Ce fut le 58ème lancement d’une Ariane 5 et le troisième de l’année 2011.

Ce lancement s’est déroulé sans accroc, malgré un léger retard de 24 heures, preuve qu’Arianespace a bien repris la main après l’incident du vol 201. Durant la première tentative de ce lancement, la séquence automatique avait été interrompue après l’allumage du moteur Vulcain, entraînant un retard de plus de trois semaines afin de corriger l’anomalie. Néanmoins, cela n’a pas eu de répercussion sur la préparation du vol 202, le lanceur ayant poursuivi son intégration en parallèle à la résolution du problème technique du lanceur précédent. La société européenne a ainsi une fois de plus démontré sa très grande capacité d’organisation et d’adaptation face à un évènement inattendu.

 

Le lanceur Ariane 5 ECA L559

Il est le troisième lanceur du lot PB livré par Astrium à Arianespace suite à la signature du contrat de production en mars 2009. Trente-cinq lanceurs sont prévus dans ce lot, à livrer jusqu’en 2016, faisant suite aux trente du lot PA précédent.

La performance demandée au lanceur était de 9 010kg, masse comprenant les deux satellites et le SYLDA 5 pour une performance maximale de 10 000kg, atteinte lors du vol précédent. Cette marge a permis de diminuer l’inclinaison de l’orbite visée à 2,5° alors qu’elle est de 6° à charge maximale. Hormis cela, le vol 202 s’est déroulé suivant une séquence désormais maîtrisée voir routinière, bien que l’on ne soit jamais à l’abri d’un incident, comme l’a montré celui du vol 201. Ce genre d’incident n’est d’ailleurs pas forcément une mauvaise chose puisqu’il rappelle aux équipes que, dans ce domaine hautement technologique, le succès n’est jamais acquis d’avance.

Le satellite ST-2

Placé en position haute sur le lanceur, et donc premier à avoir été mis sur orbite GTO, ST-2 a été construit par Mitsubishi Electric Corporation (MELCO), sur la base du bus DS 2000. Il est destiné à remplacer son prédécesseur ST-1, lancé en 1998 par une Ariane 4. Sa charge utile consiste en 10 répéteurs en bande C et 41 en bande Ku afin de pouvoir fournir des services de téléphonie et de données sur IP depuis sa position à 88° longitude Est, couvrant ainsi l’Asie du Sud et du Sud-Est ainsi que le Moyen-Orient. D’une masse d’un peu plus de 5 tonnes, il aura une durée de vie d’une quinzaine d’années.

Le satellite GSAT-8

Egalement nommé INSAT-4G, il est le troisième satellite de la famille INSAT-4. D’une masse de 3090kg, il fut libéré en second de l’ESC après l’éjection du SYLDA 5. Conçu par l’ISRO, il a désormais rejoint les 13 autres satellites lancés par Arianespace pour le compte de l’agence spatiale indienne depuis 1981.En plus d’assurer des missions de télécommunication, notamment pour la télévision directe à l’aide de 24 répéteurs bande Ku, il embarquera le système GAGAN (GPS Aided Geo Augmented Navigation) développé pour le compte du Ministère de l’Aviation Civile indien. Il devrait permettre d’améliorer la navigation aérienne au dessus du territoire indien, le trafic aérien y étant en pleine expansion depuis plusieurs années. Il sera à terme en poste à 55° Est pour une durée estimée à 12 ans.

Le vol 203 sur les rails

Par ailleurs, le lanceur du vol 203 poursuit son intégration, il va désormais pouvoir rejoindre le Bâtiment d'Assemblage Final après que celui-ci eut été libéré suite au lancement de vendredi. Il sera chargé de placer sur orbite les satellites BSAT-3c/JCSAT-110R et ASTRA 1N au début du mois de juillet. Quelques jours plus tard, ce seront six satellites de la constellation Globalstar qui devraient être lancés par Arianespace à l'aide d'un lanceur Soyouz, depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan.