Aeroplans - atlas-v-eelvLe Government Accountability Office, équivalent de notre Cour des Comptes, vient de publier un rapport soulignant les résultats décevants du programme national EELV.

Au début des années 1990, l’Administration Clinton s’était rendu compte que la flotte des lanceurs existants était plus que vieillissante. Principalement constituée des Delta 2, Atlas II ou autres Titan IV, elle ne serait pas à même de fournir éternellement un accès indépendant et fiable à l’orbite terrestre.

Un vaste programme, baptisé Evolved Expendable Launch Vehicle, ou EELV, a alors été lancé. Il visait à financer le développement d’un ou plusieurs lanceurs de nouvelle génération, qui serait utilisé principalement par les militaires, mais aussi par la NASA ou la NOAA.

Les deux principaux industriels du secteur spatial d’outre-Atlantique ont apporté chacun leur réponse. Alors que Boeing a mis au point sa Delta IV, Lockheed Martin a présenté l’Atlas V (propulsée par un moteur russe).

Au départ, tous deux étaient également proposés sur le marché commercial, ce qui leur avait valu le sobriquet de Ariane’s killers. Mais ils se sont révélés incapables de concurrencer efficacement le lanceur européen, et ils sont maintenant réservés à un usage gouvernemental.

Aeroplans - Boeing Delta IV

 

Suite à l’échec commercial, qui a privé l’industrie spatiale US d’une précieuse source de dollars, Lockheed et Boeing ont formé une entreprise commune appelée United Launch Alliance (ULA) destinée à centraliser la production et l’exploitation des deux lanceurs.

Mais le GAO vient justement de noter que cette phase de transition, qui est loin d’être achevée, est lourde de conséquence. Basés sur le concept de modularité, Delta IV et Atlas V se déclinent en une multitude de versions : quinze au total.

Depuis le premier vol de 2002, seules neuf versions ont été testées, les autres restants à l’état de projet. Certes, les 21 tirs ont tous été des succès, au moins partiels, mais une seule version a été lancée à plus de trois reprises (l’Atlas V en configuration 401).

De plus, la réorganisation au sein d’ULA a profondément transformé les moyens de production, certains éléments des lanceurs n’étant même plus fabriqués dans le même Etat.

Les conclusions du GAO sont sévères : à l’heure actuelle, les lanceurs EELV ne sont toujours pas arrivés à maturité, et ils ne sont pas près de l’être.

Pour une Nation qui mise autant sur le spatial pour ce qui est de ses intérêts militaires, il y a effectivement de quoi se faire du souci. Cette situation est bien paradoxale si on la compare à celle de l’Europe, qui a su se doter d’un lanceur performant et fiable, mais qui n’a quasiment pas de satellite militaire à lui confier !