Aéroplans - Japan AirlinesNous vous en touchions un mot déjà il y a quelques jours, le Japon en changeant de majorité politique devrait s’ouvrir de plus en plus aux Européens. Si sortir d’une relation longue et privilégiée avec les Etats-Unis ne sera pas chose aisée, les entreprises du vieux continent peuvent faire valoir de beaux projets.

Si l’on ajoute un capital sympathie que les Japonais ont traditionnellement avec les Européens, on peut croire que les projets se multiplieront au fil des ans. Or, l’emblématique Japan Airlines, première compagnie japonaise, souhaite ouvrir son capital à des compagnies étrangères. Une opération qui ne se fera pas à n’importe quel prix : "nous examinons un grand nombre de mesures et cela pourrait inclure des alliances avec des compagnies aériennes", a déclaré un porte-parole de la compagnie.

Outre les américaines American Airlines et Delta, c’est Air France qui pourrait faire son entrée dans cette compagnie avec laquelle elle a déjà l’habitude de travailler. Dans tous les cas, un tel partenariat se mettrait en place sous le contrôle de l’Etat, même si la JAL est une entreprise privée. Le nouveau ministre des Transports, Seiji Maehara annonce la couleur en reprenant le plan de restructuration au début et en renvoyant le panel d’experts originellement réuni. "Il s'agit de personnes réunies par le pouvoir libéral démocrate antérieur, et nous allons revenir au point de départ" a ainsi déclaré le ministre.

 

Le géant Delta sur les rangs. Aeroplans - Delta Airlines

Le premier sur les rangs reste tout de même le premier transporteur mondial du moment, l’américain Delta. La compagnie discute déjà d’une entrée au capital de la JAL en vue d’en devenir le principal actionnaire.

La cession d'une participation serait cependant limitée par la loi locale sur les compagnies aériennes, qui prévoit que les participations de personnes ou entités non japonaises ne peuvent excéder au total un tiers des droits de vote. Delta propose néanmoins de débourser 50 milliards de yens (environ 370 millions d’euros) pour prendre plein pied dans la première compagnie asiatique par le chiffre d’affaire.

La bonne affaire est dans les tuyaux, d’autant plus que la JAL anticipe une perte nette de 63 milliards de yens. La compagnie nippone essaye de tenir les mesures de restrictions drastiques imposées par le gouvernement japonais. Plan social (on parle de 13% de ses effectifs en trois ans), réduction du nombre de lignes desservies (une cinquantaine de lignes seraient concernées) et cessions d’actifs sont actuellement au menu.

La ligne de crédit de 100 milliards de yens garantie par l’Etat figure dans la liste des arguments probables pour l’entrée d’un futur actionnaire. Delta prévoit entre autre un partage de codes sur les vols internationaux. Ceci lui permettrait de vendre directement des billets pour des liaisons assurées par la JAL en dehors du Japon et d'étendre ainsi son réseau en Asie. Mais la concurrence ne l'entend pas de cette oreille et s'organise.

Aeroplans - American AirlinesLa préférence irait à American Airlines.

American Airlines, de son côté, joue avec un peu plus de modestie. La compagnie a affirmé dès le début qu'elle souhaitait prendre une participation minoritaire au sein de la JAL via une société commune.

L’alliance AA/JAL dépend également des négociations en cours entre les gouvernements des deux pays en vue d’un accord « ciel ouvert » qui permettrait une coopération sur la programmation des vols et le partage des profits. La compagnie américaine, filiale d’AMR Corp. part avec quelques bons a priori.

Toutes deux membres de l’alliance Oneworld, elles ont un partage de codes depuis une dizaine d’années. Delta pourrait d’ailleurs vouloir inciter JAL à sortir de cette alliance pour intégrer SkyTeam qui comprend également Air France. Cependant, un tel changement imposerait de lourdes dépenses pour modifier le système informatique de la compagnie nippone déjà en mauvaise posture.

En tout cas, si JAL quittait Oneworld, cette alliance perdrait plus de 400 créneaux de vols par semaine à Narita, de même que l'activité en fort développement de JAL en Chine. L’enjeu est donc de taille pour American Airlines qui ne voudrait pas que son concurrent Delta prenne le contrôle d’une nouvelle compagnie après l’acquisition de Northwest Airlines l'an dernier.

Si Delta possède déjà un hub à Narita, elle n’entretient pas plus de relations avec les Japonais, alors que l’Asie représente toujours un marché en expansion. Ainsi, les partenaires Oneworld s'organisent pour garder la JAL. Vendredi 18 septembre ils ont ainsi déposé une offre commune pour la prise de participation dans la compagnie nippone.

Alliée à British Airways et Qantas qui n'apporteraient cependant pas de liquidités, AA pourrait ainsi contrecarrer les plans de Delta et tout faire pour garder la JAL dans Oneworld. "JAL a tout intérêt à rester dans Oneworld. Nous nous efforçons, avec American Airlines et d'autres compagnies de Oneworld, de le leur prouver" a déclaré une porte parole de BA.

Air France – KLM en embuscade. Aeroplans - Air France KLM

Si, « Japan Airlines choisira sans doute Delta Airlines ou American Airlines comme partenaire si un accord "ciel ouvert" est conclu entre les Etats-Unis et le Japon »  selon les dires du directeur général de la compagnie aérienne japonaise, Air France-KLM s’est également positionnée.

Le groupe franco-néerlandais trouve alléchante l’opportunité qui s’offre à lui. En investissant entre 200 et 300 millions de dollars, Air France-KLM mettrait la main sur une participation minoritaire chez Japan Airlines et surtout pourrait mettre en place son système de partage de codes. Le gouvernement maintenant en place aurait d’ailleurs comme préférence un accord avec Air France ou Delta puisque les deux compagnies sont jugées plus saines financièrement qu’AA.

De plus, le ou les futurs alliés de JAL s'assureraient d’un accès à l'aéroport d'Haneda, principal aéroport japonais et dédié aux liaisons intérieures. Il se classe au troisième rang mondial par le trafic passager et, est en train de se développer vers l'international. De même, l'aéroport international de Narita de Tokyo prévoit de développer ses créneaux d'atterrissage et de décollage. Air France et la JAL ont en tout cas l’habitude de travailler ensemble. Elles se partagent déjà des liaisons entre la France et le Japon notamment.

Les deux compagnies ont également bouclé un programme commun de fidélisation de la clientèle. L’affaire serait en tout cas intéressante pour Air France – KLM alors que sa stratégie en Europe paraît de plus en plus opaque.

MC.