Aeroplans - Vue d'artiste du nEUROn (démonstrateur technologique d'UCAV) et Rafale © Dassault Aviation - M. Alleaume Si nous avons pris l’habitude d’utiliser la dénomination anglo-saxonne qualifiant les appareils de telle ou telle génération, le Rafale français se trouve un peu entre deux de ces dernières.

Le chasseur de Dassault Aviation fait partie de cette génération « quatre et demie » ou quatrième génération +. Ces avions, conçus sur la base de la quatrième génération, sont plus pointus que leurs acolytes, mais ne remplissent qu’une partie du cahier des charges d’un avion de 5ème génération.

Mais dans le cas du Rafale, pour combien de temps encore ?

 

 

 

Nous avons vu récemment que la France allait surement travailler en collaboration avec les Emirats arabes unis pour pousser plus loin le développement du Rafale. Moteurs plus puissants, avionique et systèmes d’armes encore plus performants, capacités radars accrues et peut-être même furtivité améliorée, le Rafale deviendrait l’arme ultime en attendant une éventuelle prochaine génération.

Aeroplans - Rafale Marine (M 1) en vol, 1 missile AM 39  Exocet, 4 missiles Mica, 2 bidons 2000 litres © Dassault Aviation - F.  Robineau

Revenir au contact avec les F-22 et les F-35 grâce au standard F4.

De telles avancées promises par des discussions avec les Emirats combleraient le fossé qui existe actuellement avec le F-22 Raptor (les performances du F-35 étant encore à démontrer). Si nous avons remarqué qu'en combat tournoyant, le Rafale pouvait démontrer son agilité face à un Raptor très gourmand en carburant et surtout bien trop lourd face à l’agilité du chasseur français (canards et commandes de vol électriques très performantes), l’évolution des conflits ne joue pas en faveur du Rafale.

Ceci d’autant plus que les performances en combat tournoyant ne sont que rarement éloquantes puisqu’elles dépendent de beaucoup de facteurs externes, comme les qualités de leurs pilotes et de leur état physique.

Aujourd'hui les avions de combat Aeroplans - Le premier vol entièrement autonome de l'AVE D,  le 30  juin 2008 © Dassault Aviation - M. Bonnaire sont taillés pour le combat « Beyond Visual Range » (BVR), c'est-à-dire au-delà de la portée visuelle, et avec un nombre élevé de participants. Si le système d'autoprotection révolutionnaire du Rafale, le Spectra, est un bon point, ses systèmes de détection doivent cependant progresser. Un point qui, comme l’armement, est au centre d’une éventuelle coopération industrielle avec l’allié émirien.

Le standard F4 assorti du futur drone nEUROn.

Du coup, l’arrivée encore hypothétique du standard F4 pourrait permettre à la France de disposer d’un appareil piloté du plus haut niveau. En attendant la livraison de la réponse hexagonale au Phantom Ray prévue pour un premier vol en 2012, le nEUROn. Le drone ressemble fortement à son homologue américain, ce qui suscite bien souvent un débat sur les forums internet français.

Dès à présent, les partenaires industriels ont entamé les travaux de définition conceptuelle et de faisabilité du démonstrateur technologique avec, pour objectif, un premier vol en 2012. A partir de ce moment là, le démonstrateur réalisera le programme d’expérimentation prévu.

Aeroplans - Maquette du nEUROn lors d'essais en soufflerie à l'ONERA © ONERA Les principaux défis technologiques à relever durant la conception du nEUROn portent, selon Dassault, sur « sa forme (aérodynamique, structure innovante en composites, soute interne), sur le rôle important confié aux systèmes électriques, sur les systèmes de conditionnement, sur l'insertion d'aéronefs de ce type dans l'espace aérien, sur les algorithmes de haut niveau nécessaires pour développer les automatismes, ainsi que sur la place de l'élément humain dans la boucle de mission. »

« Une autre technologie importante qui devra faire l'objet d'une démonstration sera la capacité d'emporter et de tirer des armes à partir d'une soute interne. Aujourd'hui, tous les avions européens font appel à des capacités d'emport externe pour les bombes et les missiles. Ultérieurement, il sera également envisagé d'étudier l'emport d'autres équipements, tels que les capteurs de reconnaissance, à l'intérieur de cette soute interne. »

Le programme nEAeroplans - Réacteur du nEUROn © Turboméca UROn, annoncé en 2003 lors du salon du Bourget, puis officialisé en février 2006, se fait pour le compte du ministère de la Défense française et est donc chapoté par la DGA. Il pourrait à terme rassembler d'autres acteurs européens, même si le maître d'œuvre unique resterait Dassault. On retrouve déjà les Suédois de Saab Aerospace (avionique, cellule), les Italiens d'Alenia Aeronautica (capteurs embarqués), EADS Casa, les Grecs d'Hellenic Aerospace Industry et les Suisses de RUAG. Cette collaboration ayant pour but de réaliser le meilleur drone de combat furtif possible.

Tout comme le Phantom Ray, l'accent sera mis sur la furtivité et l'emport d'armements. Si tout se passe bien, la France devrait s'assurer une certaine avance vis-à-vis des Américains dans ce domaine de pointe.

Une gamme complète et à la pointe de la technologie.Aeroplans - Saint-Cloud : Conception PLM du démonstrateur  d'UCAV  européen nEUROn en plateau collaboratif © Dassault Aviation - S.  Randé

Avec une telle gamme d’appareils, le pays n’aurait pas à rougir face à la machine de guerre américaine et ses budgets défiant toute concurrence. Pour un pays plus modeste, la France démontrerait à nouveau sa capacité à produire le meilleur matériel de défense possible malgré les critiques et la concurrence internationale.

L’aboutissement du projet nEUROn permettrait le développement des technologies stratégiques, le maintien de ses pôles d'excellence et, bien sûr, la continuité du plan de charge de ses bureaux d'études.

Cependant, compte tenu des budgets et de l’état des flottes européennes, un nouveau programme complet d’avions de chasse n’est pas à attendre avant 2030. Une date lointaine mais à laquelle est rattachée la survie du nEUROn.

Reste à savoir alors si la France saura faire face à temps à ces Aeroplans - nEUROn en vol © Dassault Aviation - M. Alleaumeenjeux, et surtout si elle saura se positionner face à d’autres défis qui s’offrent à elle pour la construction d’autres types de drones ou d’avions avec pilotes. On pense alors à la difficile coopération au sein d’EADS ou alors à des programmes internationaux comme le Watchkeeper ou le Mantis, auxquels elle participe.

Si des programmes comme le Rafale ou le nEUROn sont évidement essentiels, il ne faut pas oublier tous les engins qui devront être disponibles, notamment pour mener à bien les missions ISTAR (Intelligence, Surveillance, Target Acquisition and Reconnaissance) et qui répondent à des besoins peut-être plus actuels.

Michael Colaone.

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