Au départ, les microjets ont été conçus dans les années 80 pour satisfaire aux entrainements militaires et ce, notamment en France. Suite aux évolutions rapides qu'a connu le marché des avions d'affaires, les constructeurs et en premier lieu Eclipse, se sont intéressés à ce type d'appareils. En effet, des appareils plus légers sont plus simples d'utilisation et surtout plus économiques. Un microjet peut embarquer de 4 à 6 passagers et ne nécessite qu'un seul pilote. Le nombre de pistes accessibles est donc beaucoup plus important que pour un jet plus lourd de type Falcon ou autre.
On pourrait donc croire que ces temps de récession auraient favorisé les ventes de ce type de jets. C'est le contraire qu'Eclypse nous démontre aujourd'hui. Quels sont les raisons qui font que des appareils pourtant plus économiques et plus simple d'utilisation ne se vendent plus alors que le marché de jets d'affaires tient toujours bon ?
Historiquement premier constructeur de microjets (E500), Eclipse Aviation a demandé de bénéficier de la procédure de sauvegarde des entreprises en difficulté (Le fameux chapitre 11). Sa survie semble aujourd'hui sérieusement compromise puisqu'elle a accumulée prés de 1 milliards de Dollars de dettes. Le constructeur d'Albuquerque n'est effectivement pas en grande forme vu que ses actifs sont estimés entre 100 et 500 millions de dollars. Il a également une ardoise de 500 millions de dollars à ses fournisseurs et investisseurs. Il subit différentes actions en justice pour défauts de paiement vis-à-vis de ses fournisseurs. Son manque de trésorerie chronique l'oblige aujourd'hui à licencier prés de la moitié de ses effectifs. Des difficultés techniques sont également en cause dans la faillite d'Eclipse. Que ce soit les problèmes de réacteurs sur son nouveau VLJ (PW). Les problèmes de logiciel sur les Eclipses 500 qui cloua la flotte au sol pendant 4 jours.
La vente aux enchères du constructeur s'annonce donc comme difficile même si la société luxembourgeoise déjà partenaire principale à 65% et distributeur européen ETIRC Aviation sera en lice pour un rachat total.
Venons-en au problème de fond. Le business plan de la société était ambitieux. En effet, la société prévoyait la production de plus d'un millier d'appareils par an avec un prix de vente à l'unité qui pouvait paraitre irréaliste (1.25M$ pour un E500). Tout aurait quand même bien put se passer si le monde n'était pas rentré en récession. C'est vrai que dans un contexte de ralentissement économique, les constructeurs d'avions et en particulier d'avions privés ont du soucis à se faire. D'une part les entreprises vont limiter leurs dépenses. Les privés vont certainement délaisser ce type d'appareils en lui préférant soit des appareils plus gros soit pas d'appareil du tout. Et la vraie question vient des compagnie aériennes clientes. C'est vrai que la déconfiture en Novembre dernier du principale client européen d'Eclipse, DayJet représente une perte abyssale puisque cela représente 1400 Eclipses 500 en commande. Hors, ces gros clients pour un constructeur sont aujourd'hui dans un contexte de ralentissement et de contrôle des investissements. Ne reste plus à voir comment s'en sortiront les autres acteurs du marché, que ce soit, le Citation Mustang et le Phenom 100 d'Embraer qui arrivera sur le marché très prochainement.
L'aventure Eclipse et notament de l'Eclipse 500 n'est cependant pas un échec au regard des 250 appareils qui sont aujourd'hui en vol dans le monde et de son carnet de commande qui représente 2500 avions. Ce n'est pas non plus la mort du constructeur puisque des Eclipses pourraient bientôt être produits en Russie.