Traditionnellement discrets, les constructeurs de jets d'affaires lancent à tour de rôle de grandes campagnes de communication afin de redorer le blason du jet d'affaires violemment attaqué par les médias et politiques depuis le début de la crise.
De nombreuses entreprises notamment les multinationales disposent de tels appareils pour permettre le déplacement de leurs dirigeants aux quatre coins du monde sans les contraintes liées aux horaires et différentes escales imposées par les compagnies aériennes. Cependant, de tels déplacements coutent cher, il faut compter le coût du carburant, les taxes d'aéroports, le personnel naviguant, mais aussi les couts d'entretien, de parking, d'assurance ou encore le coût d'achat. Les entreprises craignent de plus en plus les médias qui dénoncent l'utilisation du jet d'affaires en ces temps difficiles de réduction budgétaire et licenciement, ce qui affecte l'image des sociétés propriétaires de ce type d'avion ou qui utilisent des services dits de « Air taxi ».
Longtemps considéré comme un symbole de réussite et de fortune, les entreprises cachent de plus en plus leurs jets et repoussent les livraisons ou leurs achats à plus tard par crainte de la réaction de l'opinion publique.
Comment les avionneurs réagissent t'ils fassent à ces attaques informationnelles pour sauvegarder l'image de leurs avions et donc de protéger leurs marchés ?
Rappel des faits :
Tout a commencé lors du voyage des grands patrons de l'industrie automobile americaine de Detroit à Washington pour y négocier des aides publiques. Les PDG de Chrysler, Ford et G.M sont arrivés en ... jets privés ! Ce qui aux yeux des médias ne montre pas un signe de bonne volonté quant à leurs motivations à réduire les coûts et surtout, ce déplacement de trois PDG dans trois jets différents pour négocier des aides publiques n'a pas été perçu favorablement par l'opinion publique ainsi que le Sénat.
D'autres faits ont par après été relayés par les médias, notamment l'affaire de l'achat d'un Falcon 7X par le groupe bancaire Citigroup juste après avoir été sauvé de la faillite par les autorités américaines. L'avion n'a certainement pas été commandé du jour au lendemain après avoir reçu les aides étatiques et l'annulation d'une commande à ce stade de la production aurait entrainé des frais non négligeables, ajouté la perte d'image et de confiance de l'opinion américaine, le coût de cette attaque médiatique est inestimable.
Les premières réactions ne se sont pas fait attendre, les grands constructeurs de jets sortent peu à peu de leur traditionnel silence et tentent de faire changer l'opinion de la population et de décomplexer les dirigeants sur la possession d'un tel avion.
Cessna et Beechcraft unis pour défendre l'image de leurs produits.
Cessna qui réalise plus de la moitié de son chiffre d'affaire grâce au jet d'affaires et notamment son dernier Citation XLS voit d'un très mauvais œil la mauvaise publicité faite par les médias et partis politiques qui terni l'image des sociétés ayant recours à ce moyen de transport.
Dernièrement, l'avionneur américain s'est offert une publicité en pleine page du Wall Street Journal afin de présenter les gains d'efficacité et de productivité que procure un tel produit et surtout, cette publicité a pour but de déculpabiliser les propriétaires d'avions d'affaires.
Plus récemment, le concurrent de Cessna, l'américain Beechcraft a lui aussi lancé sa propre campagne pour défendre l'image des avions d'affaires et ainsi protéger son marché déjà affecté par une baisse des commandes dut au climat économique morose.
La publicité qui tient sur deux pages présentant un Beechcraft King Air 350 s'accompagne d'un slogan : « Sensible enough to impress any Congressional Committee. » qui peut se traduire de la façon suivante : « Suffisamment subtile pour impressionner n'importe quel membre du Congrès » en référence aux trois PDG critiqués pour l'utilisation de leurs jets pour se rendre au Congrès américain début décembre 2008.
Il est même mentionné : « If the three Detroit CEOs had arrived in Washington in the Beechcraft King Air 350, they might have received a warmer reception from their legislative hosts. » ce qui se traduit par: "Si les trois PDG de Détroit étaient arrivés à Washington en Beechcraft King Air 350, ils auraient certainement reçu un meilleur accueil de la part des représentants ».
Cessna et Beechcraft parviendront t'ils en ces temps difficiles pour le transport aérien à rassurer leurs actuels et potentiels clients ?
La national Business Aviation Association monte aux créneaux :
Cessna et Beechcraft ne sont pas les seuls à réagir, la NBAA américaine a elle aussi pris part dans la stratégie de défense de l'aviation d'affaires et mis en place de nombreux médias de communication tel que le site web : http://www.noplanenogain.org/ créé très récemment (le nom de domaine a été déposé le 14 février 2008).
Ce site web se veut très « éducatif », la NBAA présente le secteur de l'aviation d'affaires de fond en comble, notamment en nous présentant les gains de productivité que peuvent apporter les jets d'affaires aux entreprises, car ils permettent notamment une plus grande flexibilité dans le déplacement des dirigeants dans la mesure où les avions peuvent se poser sur des terrains d'aviation plus petits et donc souvent plus proches de leurs destinations.
La NBAA n'oublit pas non plus de préciser le poids que pèse l'aviation d'affaires dans l'économie américaine en nombre d'emplois et chiffre d'affaire.
Une industrie en difficulté
Les constructeurs d'avions d'affaires ne voient pas tous l'avenir en rose. Cessna enregistre une dette de près de 1 milliard de dollars, et sa maison mère Tucson (également propriétaire de Bell) menace de s'en délester. Inutile également de vous reparler de la faillite d'Éclipse aviation, sujet que nous avions déjà traité ici. Dans l'ensemble, les avionneurs n'ont pas besoin de cette attaque médiatique et pourraient voir leurs carnets de commandes diminuer, les entrepreneurs et entreprises ne prenant plus le risque de subir la foudre de l'opinion publique.
On remarque que les constructeurs d'avions d'affaires tentent de décomplexer les entreprises propriétaires de tels avions et de protéger l'image de leurs produits violemment attaqués par les médias du monde entier.
Y parviendront-ils ?
Il est difficile de répondre à cette question, d'autant que les politiques semblent intervenir de plus en plus dans la gestion des grandes multinationales qui n'auront bientôt plus aucune marge de manœuvre.