070515112047_9mp52j9k0_le-directeur-general-delegue-d-airbus--fabrice-brebDepuis l’implantation de l’usine d’assemblage finale de Tianjin en Chine par l’avionneur européen, nous nous sommes interrogés mainte et mainte fois quant au bien fondé de cette stratégie. Si nous n’avons rien contre le fait de vendre du matériel aéronautique civil à ce pays, la raison stratégique semble parfois totalement absente des actions d’Airbus en Chine. Il y a peu de temps, ses dirigeants avaient le grand plaisir de nous annoncer l’extension de vie des installations de Tianjin mais pire encore, la diversification vers son prochain best seller, l’A320neo.

La Chine, vaste pays peu compris par beaucoup mais qui fascine la plupart des observateurs. Fort d’une croissance économique certes ralentie par la crise économique mondiale mais toujours bien plus importante qu’en Europe, le pays a soif de développement. Aujourd’hui les Chinois envahissent les grandes universités du monde entier, et ce n’est pas pour rien. La connaissance doit être captée là où elle est et ce, par n’importe quel moyen. Alors à savoir si les Chinois apprennent vite la réponse est oui. Sont-ils déjà au niveau ? C’est pour bientôt.

 

Dans d’autres secteurs d’activité que l’aéronautique, beaucoup ont été attirés par le mirage chinois. Convaincus que le marché représentait des volumes énormes et un certain avenir, beaucoup ont déjà déchantés. Et pourtant de gros efforts ont été faits. Ouverture de grandes usines en Chine, embauche massive de personnel local, formation par du personnel expatrié ou directement en Europe, tout a été tenté. Et pourtant, nombre de grands noms ont fait les frais de la stratégie d’expansion chinoise comme Carrefour, Danone, etc.

Mais qu’est-ce qui différencie Airbus de ces grands groupes qui pourtant n’étaient pas des débutants de la guerre économique ? Et bien justement c’est la question que nous aimerions poser.

Jusque là, nous faisions comme nous pouvions en nous disons que la production chinoise d’A320 ne concernait que des avions dont le successeur allait bientôt arriver. Rappelons à toutes fins utiles que la plus grande partie des bénéfices d'Airbus viennent de la production de cet appareil. Nous avions été enjoués par l’annonce de l’A320neo, cet avion qui coiffe pour le moment Boeing au poteau tout en affichant des technologies nouvelles pour faire patienter le marché avant la sortie d’un avion nouveau. Et au final nous avons bien rit en observant le grand rival américain en train de ramer pour annoncer que lui aussi pouvait répondre avec un B737 MAX poussif. Et nous ne parlerons pas des malheurs du Dreamliner dont nous nous étonnons qu’ils ne fassent pas couler plus d’encre.

D’une certaine confiance en soi, peut-être un peu trop importante, ne serions nous donc pas passé à la folie ? Produire son best seller dans un pays qui ne cache ni ses ambitions, ni les moyens en place pour arriver à ses fins n’est-il pas un risque inconsidéré ? Ceci surtout quand on annonce que l’A320neo y sera aussi produit ?

Enfin, nous nous consolerons avec l’annonce amusante de la construction d’une nouvelle ligne à Mobile en Alabama. Airbus vient ainsi tacler son grand rival actuel sur son propre sol. Une belle démonstration de ce que peut faire une stratégie qui semble plus pertinente. Le risque existe toujours mais les ambitions sont, nous semble-t-il différentes. Aux Etats-Unis, Airbus se met dans une position d’exterminateur, un état d’esprit que l’on ne peut qu’applaudir. Au-delà des A320 c’est aussi du matériel militaire que souhaite vendre Airbus aux Etats-Unis. Le contrat des ravitailleurs n’est pas une fatalité vu que les prochains batchs restent à attribuer. Et pourquoi pas des A400M aux couleurs américaines ?

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