Aeroplans - Rafale au BrésilLe Rafale volera ou volera pas au Brésil ?

Nous avons encore en tête l'annonce faite par les gouvernements français et brésilien quand à l'accord liant les deux pays dans la fourniture au Brésil de plusieurs milliard d'euros d'armement venant de France. A cette époque, nous avions coiffé sur le poteau l'Allemagne et la Russie et surtout, la vente de l'avion multi-rôles Rafale du constructeur Dassault Aviation a était abordée et le président Lula lui-même annoncera publiquement qu'il apprécie énormément l'appareil. Pas de quoi sabrer le champagne mais un élément encourageant pour un contrat qui pourrait bien peser pour 36 exemplaires (peut-être 120 échelonnés entre 2014, 2020 et 2023) et 2,2 milliards de dollars. Un beau contrat qui pourrait faire sortir le Rafale de son désert commercial avec panache.


Même si le premier acompte ne devrait être versé par Brasilia qu'en 2010, c'est au deuxième semestre 2009 que l'on devrait être fixé sur le choix de l'appareil. Les différentes équipes ont déposé  leurs offres définitives courant février. En attendant, une délégation brésilienne était aux côtés des autorités suisses sur le porte-avions français Charles de Gaulle pour une démonstration ce mois-ci au large des côtes de Toulon. Le bâtiment de la Marine nationale embarquait 6 Rafale dont 1 au standard F3. Un beau cadre pour des démonstrations.

Aeroplans - su35L'appel d'offre brésilien mettait originellement en jeu beaucoup d'acteurs. Le Rafale de Dassault bien évidement, mais aussi l'Eurofighter (EADS), le Gripen (Saab), le Su-35 (Sukhoï) et le F-18E/F (Boeing). Seulement, fin Octobre de l'année dernière l'Eurofighter ainsi que le Su-35 ont été écartés de la liste finale communiquée par les brésiliens. Une réelle surprise pour le fabriquant russe probablement sanctionné pour ses bonnes relations commerciales avec le Venezuela. En effet, l'agence russe de l'armement Rosoboronexport a vendu à Chavez des Su-30Mk2, des hélicoptères d'attaque Mi-28, des sous-marins Kilo et j'en passe. Une autre raison pourrait venir tout simplement de moyens politiques russes engagés dans cette vente. Un vecteur essentiel dans la stratégie commerciale de l'avionneur Sukhoï. A noter également que le Gripen ne serait techniquement pas vraiment adapté à un pays aussi vaste que le Brésil et ce, à cause de son rayon d'action plus court que celui du Rafale par exemple.


Point majeur dans le processus de négociation, le Brésil semble inscrit dans une démarche d'émancipation vis-à-vis des Etats-Unis. En matière d'armement, c'est la France qui s'impose comme le partenaire stratégique et technologique privilégié ; ceci toujours en accord avec le conseil de défense sud-américain qui cherche à se sortir de sa dépendance étasunienne. Malgré le fait que le vente du chasseur français n'est pas vraiment était abordée lors de la dernière visite du chef de l'Etat dans ce pays, une belle coïncidance se profile puisque sa prochaine visite est prévue pour Septembre 2009, période durant laquelle on devrait justement savoir qui remportera ce contrat.


Aeroplans - Rafale au BrésilAu centre de cet accord potentiel, un échange technologique majeur qui pourrait permettre au Brésil de fabriquer lui-même des avions de toute dernière génération ceci, sans parler du précédant que cela créerer vis-à-vis des autres pays potentiellement clients. La concurrence aussi propose de partager sa technologie avec la défense brésilienne mais Paris semble être la capitale prête à aller le plus loin. Nous connaissons par ailleurs la rétissance naturelle du Congrés américain à partager ses technologies. Une aubaine pour Lula qui vise sur le long terme à fournir au Brésil une stratégie de défense nationale performante et moderne face notamment au Venezuela.
La question n'est pas inédite au Brésil pour l'avionneur français qui avait déjà proposé dans le passé de s'associer à Embraer pour un Mirage 2000BR dont les lignes de production auraient été au Brésil. Pour le Rafale, la presse évoquait la production du nouveau chasseur français directement sur le sol brésilien. Pour le moment, ce qui est sûr c'est que Dassault Aviation devrait s'associer au constructeur brésilien Embraer et ce, pour l'achat puis la fabrication de Rafale au Brésil. On ne connait bien évidement pas les détails de cet accord mais les technologies impliquées seraient primordiales. Plus que des emplois ou une armée de l'air performante, l'acquisition par le Brésil de Rafale serait au long terme un moyen d'accroitre sa puissance sur ses voisins via le biais de l'indépendance.


L'affaire semble bien engagée au Brésil pour le Rafale mais l'impatience française à vouloir vendre ses avions à tout prix pourrait peut-être se retourner un jour contre elle. La France qui bénéficie depuis des années d'une avance technologique majeure sur beaucoup de pays dans le monde vend peut-être aujourd'hui une de ces technologies sensibles à une puissance étrangère. Le manque de stratégie de défense et de préservation au niveau national pourrait bien offrir à Dassault son premier contrat à l'export. Ceci en espérant que le risque soit bien mesuré par les équipes compétentes.

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