Aeroplans - A400MC'est une excellente nouvelle qui nous vient du Castellet dans le Var quant à la poursuite du programme A400M. En effet, les Ministres de la Défense des pays européens clients du futur avion de transport militaire d'Airbus ont décidé de continuer à développer l'appareil et donc de continuer à négocier pacifiquement avec EADS. Si le contexte de ces négociations n'était pas des plus favorable à une telle décision, l'impulsion du ministre français de la Défense, M. Hervé Morin, aura était déterminante pour la signature de cet accord appelant de plus amples négociations après les vacances estivales.


Entre insuffisance budgétaire, influence étrangère, problèmes de conception et de mise en chantier, les contre temps n'ont pas manqué pour donner au programme A400M trois ans de retard sur son planning d'origine. Si tout le monde y va de ses problèmes, il est satisfaisant de voir que certains des acteurs ont bien compris l'enjeu de ce programme et ont réussi à fédérer les plus sceptiques autour d'un projet européen ambitieux.

Aeroplans - A400M
Et pourtant, entre les Anglais qui font face à des contraintes budgétaires fortes (on se rappelle notamment leur négociation ardue avec les Allemands au sujet de l'Eurofighter) et les Espagnols qui continuent de faire pression à cause de leur situation économique nationale (et d'une influence étrangère ?) alors même qu'ils sont très bénéficiaires dans la conception d'appareils comme l'A350, la négociation ne devait pas être simple.


Or, c'est dans la plus grande discrétion que le ministère Français semble avoir ramené tout le monde à la raison, « l'A400M est la réponse qui permet de concilier transport tactique et transport stratégique ». Toujours selon Hervé Morin, "C'est la volonté européenne qui l'a emporté" mettant toujours plus en œuvre une Europe de la Défense qui peine toujours à se lancer. Si la France a les moyens de satisfaire à un grand nombre de ses besoins en terme de défense (Dassault, MBDA, Sagem et j'en passe), elle semble comprendre au fur et à mesure que face à des géants américains, russes ou chinois, l'alliance européenne est la solution d'avenir pour son indépendance.


Ainsi, les Ministres de la Défense des pays concernés (Allemagne, Espagne, France, Royaume-Uni, Turquie, Belgique et Luxembourg) ont signé le 24 juillet un accord visant à définir les modalités de livraison des futurs appareils de transport. Ces modalités prennent en compte les différents besoins des armées qui posent tant de problèmes de conception à EADS. Si l'on n'a pas encore de détails sur ces questions, le retard du programme semble aujourd'hui accepté bon gré mal gré par les clients et chacun y mettra du sien, chacun tendant à trouver un compromis entre les différentes parties.


Aeroplans - A400MMême les Britanniques (25 appareils en commande) ont signé ces accords malgré leur réticence à ne pas rester engagés à n'importe quel prix. Ils auraient reçu l'assurance des conditions de paiement allégées gelant ainsi les avances faites pour la production de leurs appareils chez Airbus pour les trois années à venir. Cet argent, de nouveau disponible sur les comptes de la Royal Air Force, permettra d'acquérir deux C-17 dont elle a cruellement besoin. Pour ce qui est de la France, elle aussi aurait reçu ces arrangements avantageux de la part d'Airbus. Les besoins français sont eux-aussi de plus en plus pressants et des A330 comme des appareils légers Casa seraient au programme.


Le premier vol d'un A400M est prévu autour de la fin de cette année 2009. Le PDG d'EADS, Louis Gallois, a d'ailleurs affirmé que les essais au sol du logiciel de régulation des moteurs « Fadec » qui est à l'origine d'une grosse partie des retards se déroulent convenablement. Le groupe EADS s'est dit satisfait de cet accord qui permet la poursuite du programme : "Nous accueillons évidemment très positivement la décision qui a été prise par les pays clients de l'A400M : c'est une décision qui confirme le programme et l'intérêt du programme pour les clients", a déclaré M. Gallois.


Il faut dire que le groupe joue gros avec les déboires de l'avion dont le prix va fatalement augmenter. Si le programme de 20 milliards en coûtera plus au groupe européen, la facture s'alourdira aussi pour ses clients. On pense notamment aux Anglais qui pourraient ne plus pouvoir prendre possession de 25 appareils. Rappelons aussi que la concurrence continue de faire rage sur ce segment dans le monde entier. Outre les capacités de l'industrie américaine, nous avons déjà abordé la question russo-indienne dans nos pages.