En Bref – Le 5 septembre dernier, la première fusée artisanale danoise n'a finalement pas décollé depuis sa plate-forme de lancement en mer, à l'est de l'île danoise de Bornholm dans la mer Baltique. Retransmise sur la chaîne danoise TV2 News, la première tentative de lancement n'a donné que pour seul spectacle celui du lanceur laissant échapper une fumée brune depuis son moteur.
L'autorisation de tir accordée par les autorités arrivant à échéance le 17 septembre, Peter Madsen et Kristian von Bengtsson, les deux aventuriers à l'origine du projet ont conclu qu'ils ne disposaient de temps suffisant pour préparer un nouveau tir. Du coup, une nouvelle tentative devrait avoir lieu en juin 2011.
L'année prochaine, l'équipe devrait procéder à un nouvel éssai avec la même fusée. D'ici là, les deux acolites pensent avoir largement le temps de réparer le problème à l'origine de ce report de tir. Celui-ci serait finalement du à un défaut mécanique dans la valve principale du carburant qui ne s'est pas ouverte pour libérer l'oxygène.
Cet engin de 9 mètres de haut et pesant 1,6 tonne, est le premier au monde construit par des particuliers et destiné à envoyer des hommes dans l'espace, dans "3 ou 4 ans" selon ses deux concepteurs, âgés tous les deux de 39 ans, et passionnés d'espace. La fusée de démonstration était d'ailleurs habitée par un mannequin de 70 kilos.
Un objectif ambitieux donc mais qui stimule un petit peu une industrie spatiale européenne qui ronchonne. Avec d'autres, ce projet symbolise un renouveau dans l'envie d'investir du temps et de l'argent pour développer des technologies prométeuses. "Ce que nous voulons démontrer c'est qu'il est possible de fabriquer une fusée, de l'envoyer dans l'espace et de la ramener sur Terre en toute sécurité, sans être millionnaire", avait déclaré récemment à l'AFP Peter Madsen.
Et c'est bien cela qui a changé. Alors que les Etats ne peuvent plus ou ne veulent plus financer des projets d'envergure, les aventuriers de l'espace du 21ème siècle doivent trouver des moyens très économiques de réaliser leurs rêves. Le prototype, d'un coût total de 50.000 euros, est financé pour la plus grande partie par environ 2.000 parraineurs individuels et une vingtaine de sociétés.
Une initiative privée donc qui tranche avec l'époque où seuls de grands organismes institutionnels tels le CNES ou l'ESA étaient capables d'accèder à l'espace. Un virage dans la geston des projets spatiaux qui s'amorce tout comme cela peut être le cas aux Etats-Unis. On ne présente plus SpaceX qui commence à s'imposer avec sa famille de lanceurs Falcon comme un acteur très important dans le monde feutré du spatial. Ceci sans parler d'aventures type Virgin Galactic visant à propulser le tourisme spatial dans la réalité.
Baptisée "HEAT- 1X/ Tycho Brahe", cet premier exemplaire de la fusée danoise ne peut qu'être salué. Elle devrait voler l'année prochaine à une vitesse légèrement supérieure à celle du son pour atteindre entre 10 et 30 km dans la stratosphère. Si tout fonctionne, un second exemplaire devrait être lancé. Plus sophistiqué, son but sera d'atteindre les 120 km dans l'espace.