Aeroplans - Logo ISROPSLV pour « Polar Satellite Launch Vehicle » et GSLV pour « Geostationnary Satellite Launch Vehicle » : sous ces deux dénominations se cachent les rêves de conquête spatiale de l’Inde.

Le pays actuellement dirigé par sa présidente Pratibha Patil est une des neuf grandes puissances spatiales de la planète. Un cercle qui s’est élargit en 2009 suite au succès de la mise en orbite basse d’un petit satellite baptisé « Omid » par la République Islamique d’Iran. Contrairement à cette dernière, les puissances occidentales sont bien moins inquiètes face aux progrès considérables que l’Inde acquiert en matière de technologies spatiales.

Mais tout comme l’Iran qui se base sur les technologies nord-coréennes issues du missile balistique Taepodong, l’Inde coopère avec des puissances étrangères : les Etats-Unis, l’Europe ou la Russie participent aux programmes de l'ISRO et concrètisent ainsi les ambitions indiennes.



Aeroplans - Gamme lanceurs ISRO

Topo sur les forces en présences.

L’Inde s’est déjà fait une place de choix dans la conception de satellites. On pense par exemple à sa plateforme IRS issue de la spécialisation des ingénieurs indiens pour les moyens d’observation de l’environnement. Or, le pays est encore tributaire de son ami russe et de ses lanceurs Soyouz pour la mise en orbite de ses satellites. Une situation que New Delhi ne souhaite pas voir s’éterniser. Pour se faire, l’ISRO (Indian Space Research Organisation) développe trois lanceurs pour un accès indépendant à l’espace.

Mais pour le moment, l’ISRO est encore bien en retard sur les grands noms occidentaux. Son lanceur PSLV avoisine les performances des premières fusées de type Delta américaines. Côté GSLV, on pourrait comparer le lanceur indien à une Ariane 1 même s’il peut emporter la même masse qu’une Ariane 3. Le développement se fait d’ailleurs avec le concours des puissances occidentales. En Europe, on a accordé à l’Inde une licence sur les moteurs Viking d'Ariane 4. La dernière ligne de production de ces moteurs se trouve ainsi en Inde.


Aeroplans - PSLV-C11

Le premier tir d’un PSLV a eut lieu le 20 septembre 1993 mais s’est soldé par un échec dû à un problème logiciel. Le premier tir commercial a lieu le 26 mai 1999 avec OceanSat 1, DLR-Tubsat et KitSat 3. Aujourd’hui, avec 18 tirs effectués, pour deux échecs (dont un partiel), le PSLV travaille déjà pour des clients prestigieux comme l’ESA (PROBA).

Un succès qui suffit aux Indiens pour continuer à travailler et à étoffer la gamme. La prochaine évolution souhaitée par l’ISRO sera sûrement celle du GSLV Mark III. Une nouvelle étape vers une indépendance totale pour la mise en orbite de satellites lourds. Le lanceur est annoncé comme pouvant emporter 4 500 à 5 000kg de charge utile. Il pourrait assurer plusieurs types de missions (GTO, LEO, Polaires et orbites intermédiaires) contrairement à ses prédécesseurs. Mais il ne bénéficiera pas d’un emplacement aussi idéal que Kourou en Guyane.

Reste que les fusées indiennes sont pour le moment peu performantes. Si on compare le futur petit lanceur européen VEGA au PSLV, l’efficacité et le savoir faire européen sont sans commune mesure avec les résultats indiens. Pour une masse moitié moindre (132 tonnes contre 292), VEGA Aeroplans - PSLV-C11place sur orbite polaire la même charge de 1 500kg. De plus, côté coûts, VEGA est de nouveau bien placé. Alors qu’un tir européen coûtera une quinzaine de millions de dollars, un tir de PSLV ressort à 30M$. Un coup dur alors que la croyance commune verrait plutôt les Indiens en tête des coûts de lancement.

Une motivation politique déterminante.

Au-delà de l’envie de se positionner sur le marché des lanceurs commerciaux, l’ambition de l’Inde est avant tout de devenir indépendante. Si l’on rajoute à cela une course en avant avec son voisin chinois, les projets indiens ne manquent pas de poids. Ainsi, le programme spatial indien joue le rôle de fédérateur pour un peuple en pleine ébullition. Un symbole de la réussite commune, celle d'une nation en devenir et au potentiel énorme. Une réflexion qui a fait son temps en Europe. Il est vrai que le Vieux Continent n’a plus de preuve à donner à personne. Enfin, c’est l’image que renvoi le programme spatial européen. Pourtant, dans beaucoup de cultures un acteur qui cesse de progresser et considérer comme voué à l’échec.

En Inde, on n’a sûrement pas apprécié de voir la Chine mener une mission habitée indépendante (malgré l’aide russe). C’est un peu un remake de la guerre des étoiles que commencent à se livrer les deux nations. Quand on compare les deux programmes spatiaux, on se croirait revenu au temps de l’Union Soviétique. Sauf que cette fois, la Russie aide les deux pays concernés.

Face à l’Iran dont nous parlions plus avant, l’Inde possède une avance indéniable. La nouvelle fusée iranienne baptisée Simorgh, sera porteuse de satellites d’environ 60kg sur une orbite de 500km. Malgré les inconvénients du PSLV, ses performances sont bien plus élevées.

De plus, forte de ses connaissances nouvellement acquise, l’Inde a procédé le 7 février avec succès au quatrième essai, depuis 2006, d’un missile balistique Agni-III. Capable de porter une charge nucléaire de 1,5 tonne à une distance de plus de 3 000km, le lien entre les technologies spatiales et celle du missile sont voisines. Une capacité que possède aussi Pékin, alors que des villes chinoises sont maintenant à portée indienne. L’Inde est une puissance nucléaire depuis 1998.

Michael Colaone.