Aeroplans - Finmeccanica M-346Alors que le grand favori français pour fournir quatre réacteurs EPR aux Emirats arabes unis vient de perdre un contrat qui était pourtant joué d’avance au profit de la Corée du Sud, Rome essaye de justifier la perte d’un contrat dans ce même pays par l’échec français.

L’entreprise italienne Finmeccanica est remontée, elle vient de perdre un contrat conclu avec Abu Dhabi pour la fourniture de 48 jets d’entrainement et de combat M-346. Alors que l’affaire se présentait tout à fait bien, les Emiriens ont finalement optés pour des T-50 coréens. Le lien entre ces deux affaires est alors facile à faire pour les Italiens.

 

 

Retour sur le contrat EPRAeroplans - Finmeccanica M-311

Le contrat était pourtant en bonne voie pour le consortium mené par EDF pour la fourniture de ces quatre réacteurs de nouvelle génération EPR. Suite à un accord tacite passé entre les décideurs français et émiriens, il était convenu que ce contrat pour une première implantation de centrales nucléaires aux Emirats arabes unis irait aux Français.

Seulement, alors que les Emiriens voulaient traiter avec EDF, ils auraient mal vu l’entrée dans le consortium d‘un autre groupe français, Suez. Face à ce changement de stratégie (a priori difficile à justifier alors que l’affaire était conclue) de la part du consortium français, les Emiriens seraient tout simplement allés faire jouer la concurrence en Corée du Sud. Tout en se justifiant d’une offre moins chère et de l’assurance de services pérennes coréens pour les 60 ans à venir, le choix d’Abu Dhabi s’est porté sur l’offre de Séoul.

Un couac bien à la française, qui n’est pas sans rappeler des événements liés à l’aéronautique, comme l’échec des négociations avec le Maroc pour la vente de Rafale.

Un lien avec l’échec de Finmeccanica ?

Aeroplans - T-50 CoréenPour Rome, les affaires semblent liées. Alors que l’entreprise italienne se frottait les mains après avoir négocié la vente de quarante-huits M-346, tout est maintenant tombé à l’eau. Ainsi, en Italie, on accuse maintenant les Emiriens d’avoir consentis à des compensations destinées à adoucir l’offre nucléaire. Un échec pour la firme italienne qui concoure notamment pour la fourniture de 75 avions-écoles en Inde, grâce à son M-311. Et c’en est assez pour attaquer les Français sur les négociations en-cours pour la vente de Rafale aux EAU.

Pour Rome, la vente des centrales françaises assurait un certain parti pris pour les Européens dans le pays. En faisant entrer la concurrence, les Français, par l’intermédiaire d’EDF et Suez, balayent ainsi les efforts italiens. Du coup, toute cette histoire retombe naturellement sur les négociations en cours pour la vente de Rafale.

Si Rome suppose que l’offre de l’énergéticien français comportait une escadrille de Rafale pour les Emirats, la rumeur est maintenant lancée quand à une prochaine offre française. En effet, du côté italien on semble penser que la vente d'un escadron de Rafale ne pourra désormais se faire que grâce à la fourniture d'une centrale nucléaire aux Emirats. De ce point de vue là, la situation s'est donc inversée aux détriments de l'industrie hexagonale.

Aeroplans - Dassault Rafale

On comprend volontiers la frustration italienne face à un échec français qui aura remis en cause le contrat de Finmeccanica. Cependant, en France aussi on aurait certainement voulu voir les débouchées du Rafale s’éclaircir plus vite aux Emirats. Si les avancées de Dassault dans le pays continuent de maintenir le suspense, il ne faut pas que les Italiens se trompent de cible en lançant des rumeurs qui pour le moment ne correspondent à aucune déclaration officielle.

D’un autre côté, il est vrai que le succès sud-coréen pourrait avoir des répercussions sur la vente du Rafale. Pour satisfaire aux ambitions du GIE Rafale, Abu Dhabi pourrait souhaiter la technologie EPR en contre partie. L'échec serait alors total, alors que le carton plein français aux Emirats était pourtant assuré.

Michael Colaone.

 

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