Aeroplans - Le Patroller prend son envol le 1er juillet à 14h30 à Istres (photo Olivier Lapy pour Sagem)Le drone Patroller de Sagem (groupe Safran) vient d’achever avec succès une nouvelle campagne d’essais validant l’ensemble du fonctionnement du système.

Réalisée sur la base d’Istres du 26 mai au 2 juillet 2010, cette quatrième campagne a consisté en 10 vols de qualification en mode optionnellement piloté (OPV) et 5 vols en mode drone, sans aucun pilote à bord.

Pour l’occasion, Sagem avait déployé un système Patroller comprenant un aéronef et une station de contrôle au sol. Les moyens d’essais étaient complétés par deux salles de suivi en temps réel de l’ensemble des paramètres de vol et de mission, l’une située dans les locaux Safran à Istres et l’autre dans le centre R&D de Sagem à Eragny.

 

Cette campagne en mode drone a permis de valider les performances de l’avionique triplex du véhicule aérien, lui conférant un très haut niveau de fiabilité, et de sa chaîne image, composée d’une boule optronique gyrostabilisée Euroflir de Sagem et d’une liaison en bande Ku. Elle a démontré les performances d’endurance attendues, supérieures à 30 heures, le respect des paramètres de vol, l’excellente tolérance aux vents de travers au sol et l’aptitude du drone à s’intégrer dans la circulation aérienne de la base.

Un atout principal : sa disponibilité.Aeroplans - Station de controle pour drone Patroller (photo Sagem - Wodka-Gallien)

Ces résultats confirment d’une part la disponibilité du système Patroller pour effectuer dès cet été des missions de démonstration de travail aérien et, d’autre part, la capacité de Sagem à livrer à un premier client un système Patroller entièrement opérationnel dans les 12 à 18 mois. En d'autres termes, le Patroller est désormais prêt à être produit en série dans sa version S (sécurité territoriale). La version dédiée à la surveillance d'un théâtre de combat est théoriquement livrable en 18-21 mois.

Le 1er vol en mode drone du Patroller a eu lieu le 10 juin 2009 lors d’une première campagne au centre d’essai de Kemijarvi en Finlande.

Cette capacité à livrer un appareil rapidement pourrait s’avérer déterminante notamment pour le ministère français de la défense. En pleine réflexion sur la compression de ses crédits et en plein drame visant ses capacités opérationnelles, le ministère pourrait voir d’un bon œil la disponibilité du système de surveillance longue Aeroplans - Drone Patroller en avril 2010 (Photo par Wodka-Gallien  - Sagem)endurance. Ceci d’autant plus que, comme nous le disions dans notre précédent article, le Patroller constitue une solution, non pas révolutionnaire mais pragmatique face aux contraintes actuelles.

Patroller est un système de drones MALE (Moyenne Altitude et Longue Endurance) de la classe 1 tonne, basé sur un véhicule aérien certifié EASA, le S-15 de l’avionneur allemand Stemme. Il tire partie des technologies développées par Sagem pour son système de drones tactiques Sperwer Mk.II et de l’expérience acquise en opérations en Afghanistan avec le SDTI.

La conception modulaire du Patroller lui permet de recevoir une liaison satellite et des charges utiles en pods pour des missions de 20 à 30 heures à une altitude maximale de 25 000 ft. Ce SATCOM confère par ailleurs un atout primordial pour cet engin avec pilote en option.

Convaincre puis créer un nouvel acteur du drone en Europe.

Reste à savoir si Sagem saura convaincre sur ce marché qui demeure très concurrentiel. Le projet totalement autofinancé n'aAeroplans - Drone Patroller le 27 avril 2010  (Photo Sagem -     Wodka-Gallien) pas encore reçu de commande ferme. Ceci malgré un intérêt affiché par la DGA. Un système avec 3 avions coûterait entre 20 et 30 millions d'euros selon Sagem et selon les quantités commandées.

Nous avons remarqué que le ministère français de la défense faisait monter la pression en ouvrant la porte à l’achat de matériel américain. Mais il faudra aussi compter sur la nouvelle offre formulée par EADS concernant de nouveaux Harfang. Chez EADS on se veut en tout cas assez confiant pour assurer la continuité en attendant de pouvoir livrer entre autres, son Talarion.

Au-delà du pragmatisme proposé par Sagem, la France trouvera peut-être le courage d’enfin concrétiser des programmes qui la ferait rentrer dans la cours des grands en ce qui concerne les drones. On pense évidement au Talarion d’EADS, au Watchkeeper de Thales ou au nEUROn de Dassault Aviation. Ceci alors que l’Euro Hawk vient d’effectuer son premier vol. Le drone HALE, dont la cellule est américaine, (Haute Altitude et Longue Endurance), n’a pour le moment était commandé que par l’armée allemande.

 

On peut aussi se poser la question de savoir si l’envie de Sagem Défense et Sécurité de rentrer sur ce marché avec une solution européenne ne doit pas être récompensé. En favorisant aujourd’hui le Patroller, la France et l’Allemagne (Stemme est une société allemande) s’ouvriraient peut-être les portes d’un nouveau fournisseur européen dans ce domaine stratégique que deviennent les drones : « Nous devons encourager les industriels à nouer des partenariats, des regroupements, des coentreprises et il nous faut réfléchir aux complémentarités européennes, la contraction considérable des budgets nous impose d'être déterminés et d'avancer dans ce sens », a déclaré Hervé Morin lors d'un discours prononcé à l'occasion du salon Eurosatory.