Aeroplans - pslvc110Après avoir fait le point sur les ambitions politiques indiennes ainsi que sur les forces que le pays met en action pour y arriver, nous allons nous tourner vers ses rêves de grandeur.

Des Hommes dans l’Espace, une virée sur la Lune ou une aventure martienne, New Delhi devient comme son voisin chinois le moteur de la conquête spatiale mondiale. Alors que les États-Unis et l’Union soviétique étaient, en leur temps, les acteurs qui repoussaient la "dernière frontière", les Indiens et les Chinois prennent potentiellement le relais.

En tout cas, la place est libre. L’Administration Obama vient de mettre un terme au programme Constellation, la Russie subit encore une situation économique difficile et l’Europe n’a jamais décidé de se lancer dans ce type de missions habitées (n’oublions pas SMART 1).

 

 

Des missions qui en disent long.Aeroplans - Chandrayaan 1

En Inde, la place n’est décidément pas à l’immobilisme, mais à la course vers l’Espace. Missions habitées, la Lune et Mars sont au programme des optimistes de l’ISRO. Le 10 janvier 2007, l'Inde lance Space capsule Recovery Experiment. SRE-1 (550 kg) est la première tentative indienne de récupération d'une capsule après avoir volé dans l'espace. Un premier pas qui aboutira pour l’instant au programme Chandrayaan-1 en direction de la Lune.

La mission Chandrayaan 1 et des Indiens sur la Lune.

Le 15 août 2003, l’Inde annonce au monde son désir de lancer une sonde en direction de la Lune. C’est notamment en offrant ses services aux grandes agences spatiales, en échange de leur aide, que l’Inde réussira ce tour de force en 2008. L’ISRO lancera ainsi trois charges Aeroplans - Chandrayaan 1expérimentales pour le compte de l’ESA (C1XS, SIR-2,SARA), une charge pour l’académie des Sciences Bulgares (RADOM) et, enfin, MiniSAR et M3 pour la NASA.

Malgré plusieurs reports dus à des soucis techniques, le 22 octobre 2008 la sonde prend son envol à bord du lanceur PSLV national devenu pour le coup une « fusée lunaire ». Un programme à 3,86 milliards de roupies (80M$). Au cours de cette mission, l’Inde va affirmer son statut de puissance spatiale.

Tout d'abord, la sonde va se placer en orbite lunaire sans encombre, effectuant plus de 3 400 révolutions autour de la Lune et prenant plus de 70 000 clichés. Cette mission vise ainsi à dresser un atlas tridimensionnel grâce à un sondage de haute résolution et d'établir une carte de la composition chimique et minérale de la surface lunaire.

Elle va ensuite « poser » son atterrisseur sur la Lune, réussissant ainsi le premier « crash » Aeroplans -  Chandrayaan 1lunaire indien. Pour les scientifiques, cette étape est la première vers un retour de l’Homme sur la Lune. Un retour prévu avec une mission habitée d'ici 2020. Pour cela, le pays devra d’abord envoyer ses premiers astronautes dans l’Espace. Une incursion prévue pour 2016. Un délai bien court au vu de l’état d’avancement du programme indien. Pour l’instant, la plupart des analystes penchent vers une solution Soyouz clé en main. Reste que si les Américains ont pu mener à bien leur programme en huit ans, les Indiens n’ont pas dit leur dernier mot. Mais pour New Delhi, il s’agit surtout de suivre de très près les déclarations faites par Pékin.

C’est finalement suite à une surchauffe de l’orbiteur (à différencier de l’atterrisseur qui s’était alors déjà décroché) que l’ISRO perdra le contact avec sa sonde et mettra ainsi un terme à sa mission. Le même type de missions devait avoir lieux en 2010 et en 2012. Finalement, Chandrayaan 2 prendra son envol en 2013. Entre temps, Chandrayaan 1 contribuera à mettre en évidence la présence de molécules d’eau sur la Lune. De plus, et ça n’a pas fait plaisir aux amateurs de conspirations, la sonde a pris une photo claire du site d'atterrissage de la mission Apollo XV.

Une mission martienne et une ambition nécessaire.

Aeroplans - GSLVPour l’Inde (comme pour la Chine), ces défis sont cruciaux pour affirmer au monde son rang de puissance spatiale. Contrairement à l’Europe, aux États-Unis ou à la Russie, l’Inde doit encore gagner ses lettres de noblesse. 2030 : c’est la date annoncée par l’ISRO pour suivre une première mission habitée à destination de la planète Mars. Une première mission robotisée pourrait avoir lieu en 2016. Mais les défis économiques et techniques sont encore nombreux.

Une mission martienne habitée implique plusieurs missions robotiques en amont. Exemples parmi tant d’autres, la base martienne devra déjà être installée pour l’arrivée des cosmonautes. Les réserves d'ergols pour le retour devront également se trouver sur place. De plus, le trajet est encore soumis à certaines impossibilités techniques. La variable temps rend encore toute mission impossible. Propulsion du vaisseau, stockage/production d’eau ou protection de l’équipage, autant de challenges qui empêcheront encore durablement l’homme de se rendre sur Mars.

L’Inde va donc devoir mener ses programmes à bien pour s'affirmer totalement en tant que puissance spatiale dominante. À ce moment-là, les yeux du monde vont se tourner vers ce pays et délaisseront l'Europe, la Russie et les États-Unis qui aujourd’hui lèvent le pied. À ceci prêt que ces grandes agences participent et peuvent étendre leurs participations au programme indien.

Nous avons vu l’Europe accorder la licence pour la production du Viking au sein d’une coopération vieille de 27 ans avec l’ISRO. Si le vieux continent le souhaitait, l’Inde lui ferait surement une place de choix. Compte tenu de l’avance chinoise ou japonaise, les Indiens mettront toutes les chances de leur côté pour rester dans la course. On rêve alors d'une coopération internationale autour du programme indien. Une belle utopie qui ramènerait la conquête spatiale dans le cœur des Occidentaux.

Michael Colaone.