Aeroplans - 1st Boeing GPS IIF Spacecraft Ready for Launch from Cape Canaveral © BoeingAprès le lancement remarqué du X-37B, United Launch Alliance a procédé dans la nuit du 27 mai au lancement du premier satellite GPS-IIF, symbolisant le renouveau de la constellation GPS américaine.

Alors que l’ESA vient enfin de confier la construction des premiers satellites GALILEO, que GLONASS couvrira le globe d’ici la fin de l’année et que Chinois et Indiens menacent de se lancer dans la course, les Américains se réarment pour une nouvelle bataille économique qui s’annonce.

Si un système de géolocalisation par satellites doit permettre de satisfaire des objectifs militaires et stratégiques, il est aussi une source de revenus importants qui permettent, entre autres d’entretenir la constellation de satellites.

 

Les retombées du GPS sont nombreuses mais ce monopole technologique actuel va devoir faire face à une concurrence de plus en plus forte au cours des années à venir.

Le lancement de GPS-IIF SV-1 par une Delta IV.Aeroplans - A United Launch Alliance Delta IV rocket with the Air Force’s Global Positioning System GPS IIF SV-1 (GPS IIF SV-1) satellite sits poised on its Space Launch Complex-37 launch pad ready to launch © ULA

Jeudi 1er avril, la fusée Delta-4M a été érigée sur le pas de tir 37B de Cap Canaveral, pour un lancement dont la fenêtre allait s’ouvrir le 20 mai. Cependant, puisqu’il n’y a pas d’événement spatial sans suspense, le tir sera reporté au 21 mai. Ce report était dû à un disfonctionnement d’un des bras de la tour de lancement.

Nous n’étions cependant pas au bout de nos peines pour suivre des tentatives de lancements au milieu de la nuit. Ainsi, le tir prévu le 21 mai sera lui aussi reporté sur deux fenêtres de tir les 22 puis 23 mai. Pour cause, la télémétrie entre le satellite et les installations au sol n’était pas bonne. Enfin, alors que le chronomètre entamait ses dernières secondes, la chronologie du tir reporté une nouvelle fois au 25 mai sera stoppée. La raison à cela fut l’émergence d’une anomalie entre le système de contrôle du lanceur et l’un des deux étages d’accélération à poudre. Ce nouveau problème aura automatiquement annulé la procédure de tir.Aeroplans - GPS IIF SV-1  au décollage © ULA

Enfin, c’est avec délectation que nous aurons put observer le 27 mai à 23h00 heure locale cette Delta IV prendre le chemin de l’espace au bénéfice de l’US Air Force. Le 28 mai, Boeing annonçait avoir reçu les premiers signaux en provenance du satellite et indiquant que tout fonctionnait à bord. Les manœuvres orbitales et les premiers tests opérationnels commençaient alors.

Ce nouveau tir réussi marque 50 ans de succès pour ce programme qui est l’un des plus réussi de l’histoire américaine. GPS IIF SV-1 marque le 349ème tir d’une fusée Delta, un programme débuté avec un premier lancement le 13 mai 1960.

Une constellation GPS qui se renouvelle.

Le vol de GPS IIF SV-1 aura duré 3 heures et 33 minutes. Ce satellite est le premier de la nouvelle génération d’appareils pour la constellation GPS. Cette dernière se compose actuellement de 24 satellites répartis Aeroplans - 1st Boeing GPS  IIF Spacecraft Ready for Launch from Cape Canaveral © Boeingsur six plans à une altitude d’environ 17 500km. La nouvelle génération de GPS sera constituée de 12 engins spatiaux qui viendront compléter les engins actuellement en orbite mais vieillissants. La série 2F est le quatrième stade d’évolution de la seconde génération de la série Navstar.

La nouvelle série de satellites GPS apportera une meilleure précision grâce notamment à une horloge atomique plus précise. Les satellites seront aussi plus résistants que leurs prédécesseurs avec une durée de vie de 12 ans. Il sera également équipé de nouveaux processeurs plus rapides et disposant de plus de mémoire. Enfin, un nouveau signal civil sera ouvert sur une troisième fréquence. Il est principalement destiné à la navigation aérienne ainsi qu’aux opérations de sécurité civile.

Pour la comparaison avec des programmes étrangers aux Etats-Unis, le programme GPS IIF devait initialement mettre en orbite son premier satellite en 2006. De plus, l'US Air Force aura finalement réduit sa commande auprès de Boeing à 12 exemplaires contre 33 prévus initialement.

Tout ceci se fait en attendant une vraie révolution avec l’arrivée de la série GPS III. Mais pour le moment, Boeing et l’Air Force se félicitent de leur relation privilégiée qui aura permis d’exploiter 39 satellites sur une trentaine d’années. « GPS IIF va accroitre la puissance du signal, sa précision et la capacité du système. Ces satellites vont constituer le cœur du réseau dans les années à venir » déclare le colonel David Madden, GPS Wing Commander pour l’US Air Force.

GLONASS à l’affut alors que les autres pointent aussi le bout de leurs nez.

Le service de géolocalisation russe est devenu une priorité pour le Kremlin. Si la guerre froide est terminée, la guerre économique entre la Russie et les Etats-Unis perdure. Ainsi, pour regagner son prestige d’antan, Moscou développe son système GLONASS. D’ici la fin de cette année il devrait être opérationnel sur la planète entière.

Aeroplans - GLONASS-M © Russian space web« Nous comptons à ce jour 23 appareils sur orbite, dont 21 sont opérationnels. Le tir de six à sept appareils est prévu avant la fin de l’année. Le premier satellite de ce groupe, GLONASS-K, sera un appareil de nouvelle génération d’une durée de vie de dix ans. D’ici fin 2010, la constellation russe couvrira 100% de la surface terrestre », a affirmé le vice-premier ministre Sergueï Ivanov en charge des transports et des hautes technologies.

Cependant, les Russes peinent encore à trouver des solutions pour le grand public. Ainsi, si les entreprises russes ont trouvé des solutions pour les usages « spéciaux », elles peinent à proposer des solutions simples et économiques pour tout un chacun : « Nous n’avons encore rien à proposer de compétitif » sur ce plan, et « nous ne pouvons pas pousser les citoyens à équiper leurs voitures de navigateurs russes », a déploré le vice-premier ministre.

Cependant, le système russe plaît. C’est le cas par exemple au Brésil : « Les deux parties étudient la possibilité de participation du Brésil au système Aeroplans - GALILEO © OHB AGrusse GLONASS et la création d’un satellite de télécommunication conjoint » annonce le service de presse du Kremlin. Les spécialistes des deux pays mènent également des consultations sur la modernisation du lanceur brésilien VLS-1 destiné à mettre en orbite des petits satellites et envisagent de lancer des fusées Tsiklone-4 depuis le site spatial brésilien d’Alcantara.

Outre les importants progrès russes dans le domaine, les Etats-Unis se son méfiés de la mise en service du service européen GALILEO. Aujourd’hui le projet communautaire est bien en retard sur la concurrence mais l’entreprise allemande OHB a finalement reçu son contrat pour la construction des premiers engins. A titre d’exemple, les forces aériennes françaises utilisent de l’armement Air-Sol Modulaire (AASM) fabriqué par Sagem (Groupe SAFRAN). Hors, ces bombes embarquées notamment sur le Rafale et commandées en fin d’année dernière à 3 400 exemplaires par la DGA utilise le guidage par GPS. Inutile donc de rappeler la portée stratégique du projet GALILEO.

Malheureusement, force est de constater que GALILEO arrivera après la bataille commerciale qui aurait put combler les dépenses. Après la modernisation de GPS et de GLONASS, les débouchées semblent bien faibles après ces longues années de retard qui ont permises à la concurrence pourtant aux abois de réagir. Et pour les plus optimistes qui verront en Asie les points de croissance dont aura besoin GALILEO pour sortir du rouge, il suffira de voir avancer le projet chinois BEIDOU, le QZSS japonais (trois satellites pour une couverture locale) ou l’IRNSS indien.

A ce sujet, la Chine lancera d'ici quelques jours le quatrième satellite de son propre système de positionnement Beidou-2, a annoncé lundi l'agence Chine nouvelle, citant un employé du cosmodrome Xichang. Le système, dont la formation doit s'achever en 2020, comprendra une constellation de 35 satellites.

Michael Colaone.

Aeroplans - GPS IIF-1

Aeroplans - GPS IIF-1

Aeroplans - GPS IIF-1

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